Depuis quelque temps, on entend souvent les gens réclamer une offre supérieure en matière de véhicules abordables, que ce soit dans l’électrique ou le thermique. Chez RPM, on fait aussi l’effort de vous procurer des contenus sur des véhicules qu’une famille normale peut s’offrir, mais force est d’admettre que ce n’est pas chose simple ces dernières années. On a l’impression de courir après ce type de contenu comme jamais.
Il n’est pas rare qu’on passe beaucoup de temps à chercher des actualités sur les véhicules abordables, il y en a très peu, si ce n’est pour annoncer la disparition d’un modèle. On fait le même constat avec les lancements auxquels on assiste ; il s’agit principalement de véhicules de luxe ou des modèles offerts à des prix exorbitants pour la moyenne des acheteurs. C’est normal, il ne demeure qu’une poignée de véhicules proposés sous la barre des 30 000 $ au Canada, 25 modèles uniquement selon notre base de données.
Mais où sont passés tous les véhicules abordables?
Historiquement, on retrouvait un vaste choix de véhicules abordables, principalement des voitures. On retrouvait une panoplie de modèles sous-compacts et compacts qui permettaient d’avoir une mensualité de quelques centaines de dollars par mois.
Il est ensuite arrivé deux choses.
D’abord, les acheteurs ont commencé à préférer des véhicules plus spacieux et mieux équipés. Rarement un concessionnaire vendait des versions dégarnies, les acheteurs voulaient de plus en plus du tout équipé, des véhicules remplis de gadgets et d’équipements de sécurité. Ça tombait bien, il était beaucoup plus payant de vendre des véhicules mieux équipés. Les versions de base sans équipement ont donc commencé à disparaître, elles n’existaient que pour attirer les acheteurs.
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Ensuite et en parallèle, les fameux VUS sont arrivés, ces véhicules qui ont évolué au point de devenir des voitures hautes sur roues, beaucoup plus tendance et appréciées des familles. Bien entendu, ils étaient plus coûteux qu’une voiture, ce qui poussait vers le haut la dépense moyenne des ménages. Les VUS ont contribué à sonner le glas de nombre de voitures. Ford avait été l’un des premiers fabricants à annoncer clairement son intention d’abandonner toutes ses voitures au profit des camionnettes et des VUS.
L’arrivée des marques de luxe dans le bas de la gamme
Un autre phénomène intéressant s’est aussi produit. Par le passé la ligne était franche entre les véhicules de luxe et les véhicules de masse. On était pauvre, on s’achetait une marque généraliste, les riches se tournaient vers les marques de luxe. Cependant, les marques de luxe ont commencé à brouiller les pistes. En cherchant à élargir leur clientèle, elles ont commencé à commercialiser des modèles plus compacts et plus abordables. L’idée consistait à faire grandir une nouvelle clientèle au sein de la marque. Pourquoi ne pas se payer — ou louer — une BMW plutôt qu’une Honda? On se retrouve donc de nos jours avec une quantité impressionnante de véhicules sur nos routes provenant de marques de luxe, ce qu’on ne voyait pas il y a deux décennies.
Même constat avec l’arrivée des véhicules électriques qui a aussi contribué à pousser vers le haut le prix des modèles neufs. Les modèles offerts, pour la plupart, sont dans la tranche supérieure en termes de prix, ce qui laisse peu d’alternatives pour ceux qui voudraient se procurer un modèle abordable. Beaucoup ont revu leur budget afin de se les offrir. Bien entendu, ces véhicules permettent d’économiser sur l’essence et sur les autres frais, mais il faut être en mesure de les acheter et, surtout, de les financer.
Quel semble être l’avenir des véhicules à prix modique?
Tout ce cycle, jumelé au phénomène des locations, a contribué à réduire le niveau de vente des véhicules abordables et a forcé les constructeurs à tranquillement les éliminer de leur gamme, faute de demandes et, surtout, de rentabilité. Il ne reste de nos jours que quelques voitures sous-compactes ; même le segment des compactes à littéralement fondu.
Bref, les habitudes d’achat des consommateurs ont changé au cours des dernières décennies, mais avec des taux d’intérêt très bas, la différence ne se faisait pas trop sentir. La récente hausse des taux, combinée au prix du carburant élevé, a fait réaliser que les modèles qu’on chérissait peuvent maintenant se transformer en une dépense importante pour un ménage.
Dans ce contexte, beaucoup aimeraient un retour en arrière, mais, malheureusement, ça n’arrivera pas, du moins à court terme. Si l’on regarde la liste des véhicules annoncés par les constructeurs, on ne voit rien qui pourrait satisfaire les acheteurs de véhicules au rabais, même du côté des constructeurs traditionnels. Leurs nouveautés se font surtout en matière de VUS et de véhicules électriques, rien pour rassasier ceux qui cherchent uniquement à se déplacer du point A au point B.
Il faudrait sans doute une crise, comme le choc pétrolier des années 70, pour amener un changement important dans l’offre de modèles, mais ça, ce sont l’économie et les acheteurs qui le dicteront. À moins qu’un constructeur ait l’audace de se relancer dans le très abordable?
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