Vous l’avez sans doute remarqué, mais on ne voit plus dans les publicités des offres alléchantes qui affichent des taux d’intérêt de financement réduits du type 0 à 1,9 %. Selon plusieurs constructeurs d’automobiles, les consommateurs devront s’y habituer, car nous ne sommes pas près d’en revoir ; en réalité, ce serait même la fin de ce type d’offres.
Comment fonctionnaient les rabais de taux d’intérêt ?
Il faut savoir que, lorsqu’on vous offrait un financement à 0 %, ce n’est pas l’institution financière qui vous offrait ce taux réduit. Le constructeur achetait en fait ce taux réduit en dépensant un montant d’argent en guise de compensation. Il négociait des ententes avec les institutions financières qui exigeaient quelques milliers de dollars par pourcentage de taux économisé pour le client. En fin de compte, c’est le constructeur qui payait les intérêts que vous auriez dû débourser, c’est pour cette raison qu’on vos offrait un rabais important à l’achat si vous n’optiez pas pour le financement.

D’où venaient ces offres ?
Les taux réduits du type 0 % trouvent leur origine des suites des attaques du 11 septembre. L’économie s’était alors effondrée, et les Américains avaient mis en pause tout achat important au cours des semaines suivantes, ce qui, chaque jour, affectait grandement l’économie. Le président Bush avait alors rencontré les dirigeants de GM afin de leur demander de trouver un moyen pour relancer les ventes de véhicules. L’idée de proposer des taux très bas subventionnés par les constructeurs a été lancée et s’est révélée très efficace pour stimuler les ventes. D’ailleurs, tous les constructeurs ont emboîté le pas.
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La stratégie a perduré au fil des années ; les constructeurs l’utilisaient pour mousser les ventes des modèles qu’ils voulaient mettre de l’avant. Il fallait d’ailleurs être prudent, car on vous attirait parfois avec une offre comprenant un taux très bas pour une version sans véritable intérêt, sachant que vous opteriez pour une version mieux équipée, plus payante pour le constructeur et, aussi, associée à un taux plus élevé. Les gens du marketing avaient bien appris à moduler la stratégie.
On voyait aussi récemment cette disparité entre les véhicules à essence et électriques. On vous offrait un Hyundai Kona à un taux de financement de 1,9 %, alors que la version électrique était associée à un taux de 5 %. Toyota faisait la même chose avec ses modèles hybrides dont le taux de financement était toujours plus élevé. Pourquoi subventionner le taux d’intérêt de véhicules plus en demande et qui se vendent comme des petits pains chauds ? Il fallait donc bien faire ses calculs car, dans le cas de modèles électriques, l’économie d’essence générée pouvait rapidement être éliminée par le taux d’intérêt plus élevé. Ce que vous sauviez à la pompe, vous le payiez à l’institution financière.

Fin de la récréation
La pandémie aura pratiquement mis fin à tout cela. La pénurie ne touche plus uniquement certains types de véhicules électriques mais presque tout ce qui roule. Dans ce contexte, les constructeurs n’ont plus besoin d’offrir de rabais, sauf pour quelques rares exeptions, les acheteurs s’arrachent tout l’inventaire disponible. Le taux d’intérêt que vous payez est donc maintenant celui de l’institution financière, sans rabais de la part du constructeur et, pour plusieurs, ça fait mal.
Ce changement affecte grandement les acheteurs. Non seulement les taux ne sont-ils plus subventionnés, mais ils sont également en hausse afin de freiner l’inflation. Ajoutez aussi une majoration importante du prix des véhicules ces derniers temps, et vous obtenez des mensualités dignes d’un paiement hypothécaire.
Alors qu’il était possible de se payer un véhicule neuf pour 400 $ par mois il n’y a pas si longtemps, il faut défrayer environ 700 $ par mois pour s’offrir une Honda Civic EX sur une période d'amortissement de 5 ans.
Dans le contexte, on ne reverra pas des taux réduits artificiellement de sitôt. Même si les constructeurs revenaient à un inventaire de véhicules invendus, le prix plus élevé des véhicules et les taux de base plus élevés leur exigeraient de dépenser un montant beaucoup trop important afin d’être en mesure d’offrir des taux fortement réduits.
Les acheteurs devront donc bien faire leurs calculs dans le futur.
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