Durant la pandémie, la pénurie de pièces a été un problème majeur. Certains consommateurs ont eu de sérieux maux de tête justement en devant attendre pendant des semaines, voire des mois, pour ravoir leur véhicule en raison d’une pénurie de pièces automobiles. C’est un problème auquel les constructeurs d’automobiles s’attardent, mais ils ont quand même pris soin d’exclure le délai d’attente des pièces du temps maximal autorisé pour une réparation dans le cadre de la nouvelle Loi anti-citron, conscients que c’était encore un enjeu.
Mais le délai d’attente n’est plus le plus grand problème des pièces automobiles, comme une petite expérience personnelle me l’a fait découvrir.

Un de mes véhicules a subi un petit accrochage banal dernièrement, craquant la lentille de son feu arrière droit. C’est décevant, mais ça reste du matériel et je me disais que comme c’était un bris mineur, ça se réglerait facilement. Selon toute vraisemblance, le prix de remplacement du feu arrière serait plus bas que le montant de ma franchise d’assurance. Conséquemment, je n’avais pas l’intention de faire une réclamation d’assurances pour le réparer, d’autant plus que c’est très simple à remplacer. J’ai donc appelé chez le concessionnaire pour commander la pièce, confiant que j’allais m’en tirer à bon compte.
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Par chance, j’étais assis quand le commis aux pièces m’a donné le prix du feu arrière droit : 3003 $, avant taxes.
Non, à ce prix, la pièce en question n’est pas en or massif. Et non, à ce prix, elle ne comprend pas d’autres composants, comme le capteur d’angles morts camouflé sous la lentille. Il s’agit du prix uniquement pour le feu à DEL net-fret-sec, une pièce de plastique moulé qui comprend des ampoules à DEL à l’intérieur. C’est carrément du vol.
Mes recours?
C’est à ce moment que j’ai contemplé l’idée d’avoir recours aux assurances pour payer la réparation. Après tout, j’ai une franchise de 1000 $, et le coût total de la facture monterait sans doute à environ 4000 $ avec l’assureur qui fera affaire avec un atelier de carrosserie. Ça serait donc moins cher, toutes dépenses considérées, que si je le réparais moi-même au prix du concessionnaire.
Rapidement, je suis retombé sur la terre. Ce n’est pas vrai que j’allais payer 1000 $ de franchise pour une réparation d’une « valeur » de 4000 $ pour une simple pièce que je peux remplacer moi-même. Je le rappelle, aucune pièce de tôle n’a été endommagée, aucune peinture n’est nécessaire, il suffit de remplacer le feu arrière droit, une tâche qui prend 10 minutes quand on prend son temps. Je n’ai donc pas besoin de l’expertise d’un centre de réparation de carrosserie.
J’ai donc cherché pour trouver un feu arrière d’occasion, une tâche difficile pour un véhicule qui a moins de 3 ans. Dans les cours des recycleurs, c’est impossible à trouver, tout comme sur les différents sites de petites annonces. Je me suis donc tourné vers eBay, où j’ai trouvé la pièce aux États-Unis, pièce flambant neuve que j’ai fait livrer chez moi et qui me revient à 1100 $, y compris le capteur d’angles morts dont je n’ai pas besoin, mais qui est néanmoins inclus.
J’ai donc pu remplacer la pièce moi-même à un prix à peine supérieur à celui de ma franchise de 1000 $, sans qu’il y ait un impact futur sur mon dossier d’assuré.
L’impact direct sur les primes d’assurances
Comme plusieurs d’entre vous, j’ai constaté que mes primes d’assurances ont augmenté dans les dernières années. En 2022, ma prime était d’environ 1800 $ par année, alors qu’en 2023 elle a grimpé à 2600 $ par année. J’ai fait mes devoirs en 2024 et j’ai changé d’assureur, abaissant la prime à moins de 2100 $, ce qui demeure élevé.
Je comprenais bien mal pourquoi ma prime d’assurance montait de la sorte alors que ma situation ne changeait pas, que je n’avais pas eu de réclamation et que je conservais le même genre de protection.
Mais la réalité me saute en plein visage : le prix des pièces est absurde, sans parler du coût de la main-d’œuvre qui ne cesse d’augmenter. Quand l’assureur doit réparer un véhicule, il subit cette hausse lui aussi. Automatiquement, il refile la facture — plus une marge de profit — à l’assuré qui voit ses primes d’assurances monter d’année en année.
Comme l’augmentation des primes d’assurance est généralisée, mais aussi que les véhicules électriques sont souvent victimes de primes encore plus hautes, force est de constater que quelqu’un se graisse la patte quelque part.
Les franchises
Ça veut donc dire que d’augmenter ses franchises à 1000 $ ne vaut plus rien maintenant. Ça fait des années que je procède de cette manière pour essayer de diminuer mes primes, en me disant de toute manière que je paierais de ma poche pour une réparation de moins de 1000 $.
Mais l’affaire est qu’on ne peut plus rien réparer avec 1000 $! Imaginez si j’avais accroché un rétroviseur, à réglage électrique, qui comprend une lumière pour angles morts, un clignotant et une caméra? Si je brisais une poignée de porte, laquelle comprend deux capteurs tactiles, un pour détecter la présence d’une main et l’autre pour verrouiller le véhicule? Ou si j’accrochais le coin d’un pare-chocs avant ou arrière, lesquels comprennent des capteurs de stationnement qui nécessitent une reprogrammation?
Pas étonnant que tant de véhicules pratiquement neufs soient déclarés perte totale. Imaginez si je m’étais fait emboutir par l’arrière : les deux feux, le panneau de hayon (dont le mécanisme de remontée électrique serait à remplacer), le pare-chocs (et ses 6 capteurs) et une « job » de peinture… et je m’en serais tiré avec une facture, j’en suis certain, de plus de 20 000 $ pour un banal accrochage.
Un trou sans fond
La complexité des véhicules d’aujourd’hui rend les réparations difficiles et coûteuses, d’autant plus que les constructeurs facturent des montants exagérés pour les pièces qu’ils vendent dans l’après-marché. C’est d’autant plus le cas pour les véhicules électriques, dont les pièces mécaniques sont chères et pour lesquels le constructeur n’a souvent pas toute l’expertise, ce qui augmente le coût de réparation. D’ailleurs, Guillaume André en a parlé dans un épisode du Podcast RPM.
Quel est notre pouvoir, comme consommateur? Hélas, il est bien mince. Une bonne manière de ne pas encourager cette manière de faire est d’acheter des véhicules plus simples, ou encore, de conserver son véhicule longtemps. Il faut aussi être consciencieux quant à l’entretien qu’on fait au véhicule et aux réparations ; ce ne sont pas tous les ateliers qui chargent la totale pour réparer un véhicule. Parfois ça vaut la peine de magasiner.
Et tant qu’à faire, faites attention quand vous conduisez. D’éviter un poteau d’abri d’auto en reculant peut vous sauver pas mal de trouble et de dépenses…!
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