J’ai toujours un petit sourire quand j’entends un supposé «écolo» qui peste contre les voitures, les ennemis de l’environnement. Je me dis, ces gens-là ne connaissent pas vraiment toutes les facettes du problème. Je trouve cela moins drôle lorsque le même genre de commentaires vient des instances gouvernementales. Les politiciens sont toujours très rapides lorsqu’il s’agit de casser du sucre sur le dos des automobiles, après tout, une voiture, ça ne vote pas. Je trouve plus dommage que les gens qui régissent nos lois soient si ignorants. Laissez-moi vous donner quelques chiffres qui démontrent que le problème de pollution de la route ne provient pas des voitures neuves, mais des «minounes» qui sont largement responsables des émissions polluantes.
Par exemple, une seule voiture d’avant 1995 pollue comme 35 voitures 2008. À titre d’information, près de la moitié du parc automobile canadien est composé de voitures d’avant 1995 et toutes ces voitures contribuent à plus du 2/3 des émissions polluantes attribuables aux automobiles. Pourtant très peu de choses sont faites pour adresser ce problème. On demande simplement aux voitures de se conformer aux normes complètement dépassées qui existaient au moment de l’année de production de la voiture. L’AQPLA (L’association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique) a offert dans le passé le programme «Faites de l’air» qui permettait d’échanger votre vieille voiture contre des titres de transport en commun gratuits pour une période pouvant atteindre 6 mois.
Ce programme visait à réduire les émissions polluantes provoquées par les vieux véhicules et à encourager l’utilisation de modes de transports durables. Le même organisme réclame depuis des années une inspection obligatoire des véhicules comme cela se fait un peu partout en Europe et dans certaines provinces canadiennes. À l’exception de quelques projets pilotes, rien de concret dans ce domaine. La volonté politique est complètement absente de l’équation.
Au cours des 40 dernières années suite à la très célèbre période des «muscle cars», les émissions polluantes ont diminué de 99%. En réalité, dans plusieurs villes très polluées, comme Los Angeles, les voitures nettoient l’air. Les émissions qui se dégagent de l’échappement sont moins nocives que ceux qui entrent par le moteur. Les voitures de passager demeurent la cible préférée des gouvernements. Pourtant les voitures neuves représentent 1,5% des émissions polluantes dans l’air. Si vous ajoutez les vieilles voitures (avant 1998), ce pourcentage grimpe à 12,5 %. C’est pour ces nombreuses raisons qu’il faut cesser de taper sur la tête des voitures neuves et trouver des méthodes pour sortir les vieilles voitures de nos routes.
Pour ceux que cela intéresse, la production d’énergie (électricité) via des matières fossiles (pétrole, charbon et autres) représente 47,2% des émissions polluantes dans l’air. L’industrie agricole fait sa part avec 7,2% et l’industrie de transformation est à 7,1%. Les véhicules lourds (machinerie, camions) sont à 6,4% et les véhicules récréatifs (moto-motoneige, bateau) arrivent à 5,9%
Je ne veux pas diminuer l’impact des automobiles, mais il serait facile d’éliminer 90% des émissions polluantes en enlevant les vieilles voitures de la route. C’est vrai que le gouvernement doit mettre ses culottes (chose qu’il fait très rarement). On peut se défouler sur les voitures, mais il est plus difficile de dire aux propriétaires de «minounes» qu’ils doivent se débarrasser de leur carcasse mobile. C’est plus difficile de froisser un électeur qu’une voiture, mais il faudra éventuellement franchir cette étape.