La semaine dernière, j’ai eu le privilège d’assister au lancement mondial du Volvo EX90, qui s’est déroulé en plein centre de Stockholm, en Suède. Volvo nous prépare un tout nouveau VUS électrique, prévu chez nous en 2024, et qui sera assemblé aux côtés de son jumeau mécanique, le Polestar 3, à l’usine de Volvo en Caroline du Sud.
Durant la présentation statique de l’EX90, Volvo nous remplissait le cerveau au sujet des capteurs, des lidars, des technologies autonomes et de l’intelligence artificielle, sans toutefois nous montrer ce que tout cela pouvait faire. Jusque-là, ça ressemblait au même charabia de tous les autres constructeurs d’automobiles par les temps qui courent : « Admirez toute cette belle technologie qui nous permettra de faire gonfler la facture du véhicule! »
Nul besoin de vous convaincre que rien de tout cela ne m’impressionnait, jusqu’à ce qu’une information technique retienne mon attention. Volvo a mentionné que l’EX90 serait muni d’un microprocesseur capable de compiler jusqu’à 280 trillions d’opérations à la seconde. Pour mettre les choses en perspective, le cerveau humain ne peut en compiler qu’environ 1 trillion. D’un seul coup, ça m’a frappé comme un éclair. Voilà ce que l’industrie de l’automobile nous réserve à l’avenir.

Maintenant dans le giron du géant chinois Geely, mais fièrement suédoise en raison de son siège social toujours bien installé à Gothembourg – là où on développe et teste les véhicules du constructeur –, Volvo n’a jamais aimé faire les choses comme les autres.
Orbitant quelque part entre les marques allemandes et asiatiques de luxe, Volvo s’est longtemps démarquée de la concurrence par son approche purement scandinave, c'est-à-dire qu’elle commercialise des véhicules mieux adaptés aux conditions hivernales que d’autres, des véhicules qui sont dessinés dans un langage de design minimaliste et, surtout, obsédés par la sécurité.
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Volvo a d’ailleurs quelques innovations de sécurité à son actif, comme la ceinture à trois points, les zones d’absorption en cas d’impact, le siège pour enfant installé vers l’arrière, le coussin gonflable latéral, le détecteur d’angles morts, la détection des piétons, ou encore, la prévention d’une collision à la suite d’une perte de contrôle. Sur une période de 75 ans, Volvo a breveté pas moins de 16 innovations de sécurité!

L’auto intelligente, qui apprend plus vite que l’humain
Aujourd’hui, les technologies modernes et la connectivité dans les véhicules permettent à tous les constructeurs d’automobiles de développer leurs propres technologies de sécurité, au point où on en perd presque la tête.
Tous les constructeurs se vantent d’avoir inventé la dernière merveille du monde, et chacun aimerait être le premier à proposer une voiture entièrement autonome. Tesla semble avoir une bonne longueur d’avance sur la concurrence à ce chapitre, tandis que General Motors avance lentement, mais sûrement, avec le système cartographié Super Cruise, notamment.
Comment Volvo, cette pionnière en matière de sécurité routière, compte-t-elle se démarquer d’une concurrence aujourd’hui tout autant consciencieuse de protéger ses occupants? En créant ce qu’elle appelle un « bouclier de sécurité » autour d’un véhicule intelligent qui s’adapte à son environnement et à son propriétaire, tout en évoluant au fil du temps. Du moins c’est ce que dit Volvo. Ambitieux, certes.
Pour arriver à ses fins, Volvo, contrairement à Tesla qui ne croit uniquement qu’à un système de caméras, mise plus que jamais sur le lidar. Contrairement au radar qui fait appel à une fréquence radio pour envoyer et recevoir un signal, le lidar utilise plutôt la lumière pour cartographier son environnement en trois dimensions.
Volvo a d’ailleurs fait appel à l’entreprise Luminar pour installer un gigantesque lidar sur le toit de l’EX90 qui, avec l’aide de 5 autres radars, de 8 caméras et de 16 capteurs, gère en temps réel l’environnement du véhicule afin de prédire, d’éviter ou, encore, de se braquer à une éventuelle collision.
Mais ce qui est d’autant plus fascinant de cette technologie – et un peu troublant – c’est le cerveau qui se cache derrière. En partenariat avec NVIDIA, Volvo a développé le microprocesseur Drive Orin, une forme d’intelligence artificielle capable d’assimiler des trillions d’opérations en une fraction de seconde, toujours dans le but, selon Volvo, de créer la voiture la plus sécuritaire du monde.
Maintenant, qu’est-ce que tout cela apporte au consommateur ?
On peut s’attendre à un véhicule hautement intelligent et qui s’adaptera à vos habitudes tout en en apprenant davantage sur vous au fil du temps. Ce que l’intelligence artificielle apportera aux véhicules de demain, c’est la possibilité d’interagir avec son propriétaire, de répondre à des commandes vocales, de modifier ou, encore, de faciliter ses déplacements en anticipant ce qui s’en vient.
Par exemple, l’EX90 pourrait enregistrer les moments où vous allez promener votre chien, pour finalement vous demander si vous avez oublié de le promener advenant un matin où le chien n’est pas à bord du véhicule.
Mais Volvo compte pousser la technologie encore plus loin avec la conduite autonome. Le constructeur, ambitieux, témoigne vouloir se départir des niveaux d’autonomie actuels et permettre à l’intelligence artificielle du véhicule de s’adapter dans le temps, améliorant sa conduite autonome au passage.
Volvo témoigne que le processeur NVIDIA Drive Orin est actuellement sur le banc d’essai sur des routes suédoises. Ce qu’on m’a expliqué en marge de la présentation, c’est que les ingénieurs sont déjà impressionnés par la vitesse d’apprentissage du système qui exécute déjà une foule de manœuvres en situation urbaine sans l’implication du conducteur.

Des données et encore des données
Tout ça est bien beau et honnêtement assez fascinant, mais ce qu’il faut retenir de la voiture intelligente de demain, c’est qu’elle agira avant tout comme outil de collecte de données pour les constructeurs.
L’automobiliste sera plus que jamais traqué, observé, écouté et servira de cobaye afin qu’on lui vende davantage de technologies. Dans le cas de l’automobile, ce seront des fonctionnalités supplémentaires, achetées moyennant un abonnement mensuel. Parce que oui, ça aussi, c’est l’avenir.
Au moment d’écrire ces lignes, il n’existe aucune loi concrète pour empêcher un constructeur d’automobiles d’amasser les données d’un automobiliste pour ensuite les compiler et les analyser, outre le consentement du propriétaire en soi, qui, trop souvent, accepte les conditions sans réellement les saisir.
Si, pour l’instant, la collecte de données n’a pour but que d’améliorer les véhicules, elle pourrait soudainement changer sans préavis et être vendue à des entreprises tierces, notamment.
Le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada se penche actuellement sur le sujet, car il estime que la collecte d’information dans les voitures ne doit pas être traitée de la même manière que les appareils électroniques. Des lois spécifiques liées au marché de l’automobile devront rapidement être mises en place pour protéger la vie privée des automobilistes. Car même si Volvo promet de concevoir le VUS le plus sécuritaire du marché, votre vie privée, elle, pourrait ne pas être adéquatement protégée.
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