Pour différentes raisons, les divers constructeurs d’automobiles, dont Hyundai, regardaient attentivement quel allait être le résultat des dernières élections américaines : Trump ou Harris? Quant à la question de l’électrification, les visions des candidats s’opposaient. Pour certains, l’élection de Trump était une bonne nouvelle ; mais les autres s’encourageaient et regardaient plus loin au-delà du mandat de la présidence de Donald Trump ; et c’est exactement la position de Hyundai.
Le groupe Hyundai/Kia est déjà actif aux États-Unis à West Point en Géorgie où l’on assemble les Kia Telluride, Kia Sorento, Kia Sportage et, plus récemment, le VUS électrique EV9. Après les installations en Alabama, Hyundai aura aussi droit à son usine, toujours en Géorgie, mais cette fois dans le comté de Bryan, pas très loin. Le groupe crée donc un écosystème de proximité, notamment avec ses fournisseurs.
À elle seule, Hyundai investit dans ce projet 7,6 milliards de dollars américains, et son partenaire producteur de batteries, SK, investit parallèlement 5 milliards de dollars américains dans le comté de Bartow. Ce dernier fournira des batteries à la fois à la production de Kia et de Hyundai. Au compte, on parle de la création directe de 12 000 emplois directs et de 40 000 emplois indirects.
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La présidence Biden a forcé la main aux constructeurs d’automobiles quant à la production de véhicules électriques en Amérique du Nord. Les mesures sont nombreuses, dont le crédit de 7 500 $ à l’achat d’un véhicule électrique construit aux États-Unis proposé dans l’Inflation Reduction Act. Consciente du « protectionnisme » et de l’importance pour les Américains du « Built in America », Hyundai a décidé de construire sa méta-usine de Géorgie afin d’assurer ses arrières et de limiter des soubresauts, peu importe les orientations de la présidence en place. Ce n’est un secret pour personne que Trump n’est pas un amateur de l’électrification. Il a beau s’être acoquiné avec Elon Musk, le propriétaire de Tesla, ses intentions quant à l’électrification sont plus ou moins connues.
La vision de Hyundai malgré les fluctuations politiques
Nous avons eu l’occasion de rencontrer Olabisi Boyle, la vice-présidente principale, Planification des produits et Stratégie de mobilité, Hyundai Motor North America, qui nous a fait part de sa vision sans équivoque. « Hyundai est allée trop loin dans cette aventure (l’électrification) pour reculer. » À son avis, il n’y a aucun doute que l’avenir est électrique, que ce soit à batterie ou à hydrogène. Elle croit au futur de l’électrique, mais demeure extrêmement lucide.
Elle est consciente que « l’early majority », la majorité des consommateurs, cadre dans une mouvance de l’électrification, juste à différents niveaux. Il y a ceux qui la rejettent complètement, ceux qui préconisent l’hybridation, le pas suivant, l’hybridation rechargeable ou encore la pleine adoption, l’électrification pure et simple. À son avis, il n’y a pas encore de formule qui puisse plaire à tous, et, de toute façon, ça n’arrivera probablement jamais.
Que suggère Hyundai?
Pour Mme Boyle, la clef du succès est actuellement la capacité d’avoir de la souplesse dans la production. Aujourd’hui, les usines d’assemblage doivent être en mesure d’assembler tous types de motorisations. Plus question de scinder la production des véhicules traditionnels (essence, hybrides, hybrides rechargeables) et les véhicules qui utilisent une plateforme électrique. Les usines doivent être souples. Chez Kia, c’est déjà possible puisqu’on fabrique dans les mêmes installations le Telluride et l’EV9. Chez Hyundai, initialement, la méta-usine produira la Hyundai IONIQ 5, mais, dès mars prochain, ce sera le grand VUS IONIQ 9. Dans ces murs, en fonction de la demande du marché, que les installations pourront intégrer des véhicules mus par des motorisations traditionnelles.
Selon Mme Boyle, on est encore au début de l’électrification. On commence à peine à saisir et à comprendre toutes les possibilités que cette énergie offre au monde de l’automobile. Les véhicules électriques coutent actuellement cher, mais un jour, et dans peu de temps, ils seront passablement plus abordables. Selon Mme Boyle, ça se compare aux téléviseurs 4K de 75 pouces qui se vendaient 11 000 $ il y a quelques années et qui, aujourd’hui, se trouvent pour moins de 1 500 $. Son parallèle avec les téléviseurs illustre bien cette réalité.
Madame Boyle analyse et travaille en fonction de ce que sera notre monde dans les 5 à 15 prochaines années. De là, son rôle de stratège et son rôle de VP sont de donner de grandes orientations à Hyundai pour assurer son avenir. Toutefois, même si elle croit fermement en l’électrification, elle est consciente que l’entreprise doit se garder des marges de manœuvre pour continuer d’avancer en fonction des besoins et des demandes des clients. Sur cette stratégie, nous avons essayé d’aborder le sujet du partenariat en matière d’électrification avec GM, mais elle nous a confirmé avec le plus grand des sourires qu’il est encore trop tôt pour faire des annonces sur l’ensemble de ce dossier.
Conclusion
Harris ou Trump, démocrate ou républicain, qui est à la tête de l’État importe peu pour Hyundai. L’entreprise est consciente des investissements qu’elle fait en matière d’électrification et des emplois qu’elle crée ; l’entreprise va de l’avant avec l’électrification. Ce ne sera peut-être pas aussi vite que sous l’administration Harris, mais le mouvement de l’électrification est lancé et ne sera pas arrêté, au pire peut-être juste un peu ralentit.
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