La semaine dernière, je vous présentais le Rosenbauer RTX. Il s’agit d’un camion d’incendie de prochaine génération à motorisation électrique. D’ailleurs, j’ai eu l’occasion de faire un tour du côté de l’entreprise AREO-FEU, située sur la rive sud du Saint-Laurent en banlieue de Montréal, afin de découvrir le véhicule et de participer à un essai du camion sur la route. Le véhicule est actuellement présent au Québec alors qu’il participe à une tournée de promotion qui n’avait malheureusement pas pu avoir lieu plus tôt en raison de la pandémie de COVID-19.
Un camion de nouvelle génération
L’entreprise mondiale Rosenbauer a passé plusieurs années au développement d’une nouvelle génération de camions d’incendie. Toutefois, ce n’est qu’il y a quelques années que le projet s’est concrétisé. Comme il combine un ensemble de batteries à un moteur thermique qui agit à titre de génératrice pour les recharger, le RTX permet plusieurs avantages pour les services d’incendie. Le fait d’avoir un véhicule électrique permet d’abaisser le centre de gravité, d’avoir un dessous de véhicule plat, ainsi que de bénéficier d’une largeur plus étroite qui lui permet de se faufiler en ville, par exemple. Même s’il est peint en rouge et muni de multiples gyrophares, on remarque que le véhicule n’est pas comme les autres, en particulier quand on entend le bruit différent qu’il émet sur la route.
Un habitacle plus accueillant et technologique
Mon passage chez AREO-FEU m’a permis de prendre connaissance des différences entre les deux types de véhicules et de la différence du côté de leur finition intérieure. En effet, l’habitacle du Rosenbauer RTX est bien différent d’un camion d’incendie traditionnel à cabine avancée. Le fait que plusieurs composants aient été enlevés avec le retrait du moteur Diesel sous la cabine permet un réel gain d’espace. Cela permet de procéder à une reconfiguration complète de l’aménagement intérieur. Il est désormais possible de circuler aisément de l’arrière jusqu’au poste de conduite à l’avant.
L’espace n’est pas le seul point qui évolue sur le RTX. En effet, ce camion se veut plus technologique et plus pratique. J’y ai découvert un écran au centre qui permet de tout contrôler, que ce soit l’éclairage extérieur ou les gyrophares, par exemple, contrairement aux interrupteurs traditionnels. De plus, il est aussi possible de contrôler le système de roues directionnelles ou encore de voir à partir de cet écran l’angle de la lance sur le toit et le jet sélectionné. D’ailleurs, cette dernière se contrôle via une manette escamotable située au bas de l’écran.
Plus rapide et plus agile
Après avoir eu droit à une présentation complète du véhicule en atelier, j’ai pris la route à bord du véhicule où j’ai eu l’occasion de le voir en action. Bien sûr, nous ne sommes pas partis éteindre un feu, mais plutôt découvrir les possibilités qu’offre le Rosenbauer RTX. D’abord, l’accélération est assez surprenante, si l’on considère le poids du véhicule à 19 958 kilogrammes (44 000 livres), en plus de l’équipement présent dans les coffres et le réservoir d’eau de 2 273 litres rempli. Une fois lancé sur la route, le camion offre un confort de roulement surprenant grâce à la suspension pneumatique dont il est équipé. Cette même suspension, de concert avec une répartition du poids amélioré par comparaison avec un camion à moteur Diesel normal, permet de conserver une bonne stabilité dans les virages. De plus, le niveau de décibels provenant de la motorisation est nettement inférieur si on le compare avec un modèle à moteur Diesel à cabine avancée.
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Tout comme sur une voiture électrique, le RTX est équipé d’un système de régénération au freinage qui est assez puissant pour ralentir le camion de manière significative, ce qui impressionne en repensant à la masse de ce dernier. Ensuite, le camion d’incendie est équipé de 4 roues directionnelles qui sont contrôlées par le conducteur directement à l’écran central à bord. Il est possible d’avoir les roues directrices à l’avant seulement ou de les jumeler aux roues arrière pour réduire le rayon de braquage. D’ailleurs, lors de l’essai j’ai pu constater l’efficacité du système lors d’un virage à 360 degrés. De plus, à l’image du GMC HUMMER EV, le Rosenbauer RTX peut rouler sur le mode « Crabwalk », ce qui était très impressionnant à voir.
Sans trop m’attarder au côté technique qui a déjà été abordé dans l’article présentant le RTX, j’ai eu l’occasion d’en apprendre plus sur le système de la pompe, nettement plus compact que ce qu’on trouve sur un camion à moteur Diesel. Au lieu d’un système imposant avec des tiges reliées aux vannes, le tout est désormais électrique. Cela permet d’économiser de l’espace et d’avoir une plus grande souplesse d’aménagement, selon l’entreprise. De plus, le tout peut être contrôlé par l’entremise d’un écran situé à l’arrière du camion, comparable à celui présent dans la planche de bord. Comme cette pompe est reliée à son propre moteur électrique, il est possible de l’utiliser même quand le camion est en mouvement, lors d’une intervention en forêt, par exemple.
Coûteux, mais avantageux
Il est certain que ce camion est spectaculaire, qu’il offre de nombreuses possibilités et une foule d’avantages. Cependant, l’entreprise ne se cache pas pour dire que ce type de véhicules ne s’adresse pas à tous les services d’incendie en raison de son prix ou des installations électriques nécessaires pour sa recharge. Pour rentabiliser un tel véhicule, il faut avoir un certain nombre d’appels par semaine. À titre d’exemple, la ville de Los Angeles prévoit rentabiliser son achat en 7 ans, sur une durée de vie en service d’approximativement 20 à 25 ans. Une petite municipalité dont le nombre d’appels est sensiblement plus bas pourrait avoir plus de la difficulté à rentabiliser les 2 468 880 $ canadiens requis pour se le procurer. Ce prix inclut toutefois quelques éléments dont le transport du véhicule jusqu’à son point de prise de possession, 3 visites d’inspection durant la construction, la formation des utilisateurs ainsi que des responsables de la maintenance, 5 ans de garantie et l’aménagement des coffres sur le camion sans les outils.