La Datsun 240Z est l’ancêtre de la sportive 370Z que nous connaissons tous aujourd’hui. Étant donné que Nissan commercialisera bientôt une toute nouvelle génération de sa sportive sous l’appellation 400Z, et que j’ai personnellement un faible pour la Datsun 240Z, je trouvais qu’il s’agissait du moment idéal pour redécouvrir ce classique, celle qui a donné naissance à une lignée de voitures sport qui perdure depuis un demi-siècle.
Histoire du modèle
Vers le milieu des années 60, Nissan, qui commercialisait déjà des véhicules en Amérique du Nord sous la bannière Datsun, voulait s’en prendre au marché des voitures sport américaines. Voyant la popularité monstre des « muscle car » et désirant se tailler une réputation de performance en sol américain, Nissan a décidé de développer une nouvelle sportive qui serait commercialisée à l’échelle internationale.
Ce bolide devait être à la fois performant et moderne, tout en affichant un design inspirant ; cependant, il devait aussi être fiable et, surtout, abordable. Ainsi est née la Datsun 240Z qui est arrivée sur notre marché en 1969. Dans son pays d’origine, le Japon, elle s’appelait Nissan Fairlady Z en référence à la Datsun Fairlady, une petite voiture sport décapotable que le constructeur a commercialisée sur notre marché durant les années 60. Plusieurs collectionneurs de voitures antiques assurent d’ailleurs que la Fairlady est l’ancêtre de la Datsun 240Z.
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La 240Z a été commercialisée sur notre marché entre 1969 et 1973. En 1974, elle est devenue la 260Z en raison de l’introduction d’un nouveau moteur, d’une nouvelle boîte de vitesses et de quelques révisions stylistiques. Dès 1975, elle changera encore une fois et deviendra la 280Z ; elle demeurera ainsi d’ailleurs jusqu’à ce que le modèle de deuxième génération, soit la Datsun 280ZX, soit introduit en 1978.
C’est en 1984 que la Z a perdu le nom Datsun en faveur de Nissan. Il s’agissait, à l’époque, de la Nissan 300ZX, celle qui, au fil des années, a évolué jusqu’à devenir la Nissan 400Z que nous connaissons aujourd’hui.
Moteurs, boîtes de vitesses et données techniques
Lors de son arrivée sur le marché nord-américain, la Datsun 240Z était mue par un 6-cylindres en ligne de 2,4 litres d’une puissance de 151 chevaux et d’un couple de 146 livres-pieds. Ce moteur était uniquement jumelé à une boîte de vitesses manuelle à 4 rapports qui acheminait la puissance vers le train arrière.
Elle incorporait plusieurs technologies de pointe pour l’époque. C’était surtout son incontournable rapport qualité/prix qui lui a permis d’être si populaire auprès des consommateurs. Pour un peu moins de 4 000 $, la Z était équipée de composants qu’on ne pouvait retrouver que sur des voitures sport européennes beaucoup plus chères, comme une suspension à 4 roues indépendantes, un arbre à cames en tête et des sièges baquets sport, sans compter un design qui s’inspirait largement d’une Jaguar E-Type.
En 1974, la cylindrée du moteur à 6 cylindres est passée à 2,6 litres, ce qui a mené à la Datsun 260Z. Dans les faits, ce moteur était plus puissant que son prédécesseur, développant 162 chevaux et produisant un couple de 152 livres-pieds, mais les normes antipollution de l’époque affectaient ses performances. Une toute nouvelle boîte de vitesses manuelle à 5 rapports était également de la partie ainsi que plusieurs révisions dans l’habitacle.
En raison du fait qu’elle n’a été produite qu’une seule année, la 260Z se révèle la plus rare aux yeux des collectionneurs, surtout si elle est encore équipée de son moteur d’origine.
La Z est devenue ensuite la 280Z en 1975, et ce, jusqu’en 1978. Cette fois, on a augmenté la cylindrée à 2,8 litres. Plusieurs améliorations avaient également été apportées au moteur, dont un nouveau système d’injection électronique de carburant de marque Bosch. La puissance et le couple ont passé à 170 chevaux et à 177 livres-pieds, respectivement. La boîte de vitesses manuelle à 5 rapports demeurait offerte, tandis qu’une nouvelle boîte automatique à 3 rapports était également ajoutée à la gamme.
Impressions de conduite
Notre modèle d’essai est une année modèle 1972 dont on a remplacé le moteur de 2,4 litres par un 2,8 litres tiré tout droit d’une 280Z. Il s’agit d’une pratique courante pour ce modèle, car l’augmentation en puissance octroie au véhicule un bien meilleur rapport puissance/poids.
Notez également que notre exemplaire est peint en noir, une couleur qui n’était pas offerte sur la 240Z en 1972. Rien de tout ça ne semble avoir affecté sa valeur sur le marché de la voiture antique. Le modèle que vous apercevez à l’écran vaut actuellement un peu plus de 30 000 $.
En m’approchant de ce bolide venu d’une tout autre époque, je constate immédiatement à quel point elle est petite par rapport aux voitures d’aujourd’hui. La 240Z est née à une époque où le design primait sur la sécurité. On remarque donc que ses minuscules pare-chocs chromés et ses minces portières ne serviraient à rien au moment d’une collision. Mais ce sont ces éléments qui constituent sa beauté et sa simplicité, et surtout, qui permettent d’accentuer sa ligne de toit fuyante et ses ailes bombées.
Sur la route, la Datsun 240Z présente un comportement routier étonnamment moderne en raison de sa suspension à roues indépendantes et de sa boîte de vitesses manuelle qui se révèle précise et agréable à manipuler. Idem pour la pédale d’embrayage : elle rebondit rapidement et mord bien au point de friction. Les freins modifiés de notre exemplaire, de marque Wilwood, étaient également appréciés en conduite sportive.
Évidemment, son habitacle rudimentaire démontre à quel point l’automobile a évolué en l’espace d’un demi-siècle. Bien que le design demeure agréable en raison des cadrans circulaires et des éléments en bois, comme le volant et le levier de vitesses, l’insonorisation est presque inexistante.
Je n’ai toutefois rien à redire au sujet du 6-cylindres qui répond très bien et adore grimper en régime, tout en chantant une mélodie distinguée et enivrante. Le 2,8-litres permet également d’améliorer le rapport poids/puissance du bolide et de livrer de franches accélérations. La plage de puissance est douce et linéaire. Conduire ce véhicule est un plaisir rare.
J’ai également été heureux de retrouver un véhicule entièrement dépourvu d’assistances électroniques ou de turbocompresseur. La direction de la 240Z n’est même pas assistée, alors je ressentais tout ce que le train avant tentait de me communiquer. On se sent carrément connecté à la mécanique. Ça sent l’essence dans l’habitacle et la tenue de route n’est pas des plus raffinées, mais aucun véhicule moderne ne peut reproduire une sensation de conduite aussi exaltante.
Dans une 240Z, on est assis sur le train arrière du véhicule et on aperçoit un long museau sous lequel se cache un puissant moteur à 6 cylindres, une configuration qui nous invite à nous évader sur une belle route montagneuse. Disons qu’avec les cheveux au vent, l’odeur de l’échappement qui m’intoxiquait les narines et la glorieuse symphonie que me jouait cette ancienne mécanique, je ne pouvais demander mieux.
Chaque passage de vitesse m’envoyait des frissons dans le dos et je me foutais d’avoir que 170 chevaux sous le capot. Je m’amusais comme un gamin. Je me disais « Ça me prend une 240Z dans ma vie. » alors que je m’évadais derrière le volant de cette icône de l’industrie automobile japonaise.
Nissan avait misé juste lorsqu’elle a développé une sportive pour le marché nord-américain. Il s’agissait à l’époque d’un pari osé, mais qui s’est révélé lucratif pour le constructeur, lui permettant ensuite de commercialiser six générations du modèle. Espérons maintenant que la prochaine 400Z fera honneur à ses ancêtres.