Dans ma chronique précédente intitulée « Véhicules électriques et changements climatiques », j’ai expliqué l’impact positif des véhicules électriques – légers et lourds – sur la diminution de nos émissions de GES. Cette semaine, je parle de l’impact positif des véhicules électriques sur la diminution de la pollution atmosphérique.
Une facture salée
Quel est le tueur numéro 1 de la planète? La pollution atmosphérique. C’est d’ailleurs ce qu’explique le cardiologue François Reeves dans le livre L'auto électrique... et plus! que j'ai coécrit avec Jacques Duval et Pierre Langlois :
La pollution atmosphérique cause plus de décès que toutes les guerres actuelles, ainsi que le SIDA, le Zika, l’Ebola et la malaria réunis! [...] L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère la pollution atmosphérique comme le tueur numéro 1 de la planète : on lui attribuait 7 millions de décès en 2012, soit 1 sur 6 dans le monde, dont 80 % par mortalité cardiovasculaire.
En 2014, le bilan était rendu à 8 millions de morts et ce chiffre ne cesse d’augmenter.
La liste des émissions polluantes atmosphériques qui s’échappent des véhicules légers et lourds fonctionnant au pétrole (essence et diésel) est assez longue. On y retrouve le monoxyde de carbone (CO), les composés organiques volatils (COV), le benzène, les oxydes d’azote (NOx) incluant le N2O, le dioxyde de soufre (SO2) et les particules fines (PF). Ce sont des polluants qui ont un impact important et nocif sur notre santé respiratoire, cardiovasculaire et sur les cancers.
Si les émissions de GES dont je parlais dans ma dernière chronique ont un impact global, les émissions polluantes elles, ont une influence négative à la fois globale ET locale. Ainsi, plus vous demeurez proche d’une route achalandée, plus vos chances de développer des problèmes de santé pulmonaire et cardiaque sont élevés. Cette pollution augmente même les problèmes de démence.
La pollution atmosphérique coûte très cher aux Canadiens. Selon l’Institut international du développement durable, le coût du smog causé par la pollution atmosphérique s’est élevé à 36 milliards de dollars en 2015, soit environ 1 000 $ par habitant par année. Selon l’Association médicale canadienne, elle a causé presque 9 fois plus de décès en 2008 que les accidents de la route. Au Québec, selon le plus récent inventaire des principaux contaminants atmosphériques, 62 % des émissions polluantes proviennent du secteur des transports, et principalement du transport routier.
Les systèmes antipollution
Sur nos voitures et camions légers, nous retrouvons aujourd’hui des systèmes antipollution mieux connus sous le vocable de « catalyseurs ». Leur mission est de réduire la nocivité des gaz toxiques et il contient des métaux rares tels que le platine, le palladium et le rhodium. Ainsi, contrairement à ce que certains croient, on ne retrouve pas de métaux rares dans les batteries de voitures électriques. Ils sont plutôt utilisés dans le raffinage du pétrole, les systèmes antipollution des voitures fonctionnant au pétrole, les cellulaires, les ordinateurs, les moteurs de certains véhicules électriques, les téléviseurs à écran plan et toute une foule d’autres objets modernes.
Si nous retrouvons aujourd’hui des systèmes antipollution sur nos voitures, ce n’est pas l’effet du hasard. En effet, dès les années 50, des chercheurs californiens ont découvert qu’une des principales causes du smog de cet État provenait des voitures. C’est ainsi que dans les années 70, la Californie a imposé aux constructeurs automobiles l’installation de systèmes antipollution afin de réduire les émissions polluantes de manière de plus en plus significative, via l’adoption des normes toujours plus sévères. Malgré cela, les émissions de monoxyde de carbone des voitures et camions légers au Canada stagnent depuis 2010 à cause de l’accroissement constant de son parc de véhicules légers.
Source : Environnement et Changement climatique Canada
Malgré des progrès indéniables réalisés par les constructeurs en matière de systèmes antipollution depuis une vingtaine d’années, plusieurs problèmes persistent et de nouveaux problèmes surgissent :
- En vieillissant, ces systèmes deviennent beaucoup moins efficaces, ce qui peut nécessiter leur remplacement. Or, ceux-ci peuvent coûter cher (de plusieurs centaines à des milliers de dollars), ce qui a fait du catalyseur un objet de convoitise de plus en plus prisé des voleurs.
- Par temps froid, ils peuvent s’avérer presque totalement inopérants lorsque les automobilistes parcourent de courtes distances car le catalyseur ne dispose pas d’assez de temps pour atteindre sa température optimale qui le rendra efficace.
- Certains automobilistes et camionneurs n’hésitent pas à modifier ou même à enlever leur système antipollution afin d’augmenter la performance et/ou de diminuer la consommation de carburant de leur véhicule. C’est illégal et peut être passible d’une amende allant de 1 000 $ à 100 000 $ pour une personne, et de 3 000 $ à 600 000 $ pour une entreprise. Mais entre nous, en connaissez-vous beaucoup qui ont reçu une contravention pour ça?
- Le Québec est devenu avec les années le déversoir des véhicules polluants du nord-est de l’Amérique du Nord. En effet, puisque notre province n’a toujours pas de programme d’inspection obligatoire des émissions polluantes des voitures d’occasion – contrairement aux provinces et États limitrophes –, les véhicules qui échouent leur inspection dans ces zones sont souvent transférés ici. Selon l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), nous nous retrouvons donc sur les routes du Québec avec un 30 % de véhicules légers qui ne répondent plus aux normes antipollution et ce pourcentage grimpe jusqu’à 50 % dans la catégorie des véhicules légers de 10 ans et plus. C’est considérable.
- Ajoutez à cela les systèmes antipollution des véhicules alimentés au diésel qui ont été truqués par des constructeurs tels que Volkswagen (dont les émissions polluantes dépassaient jusqu’à 40 fois la limite légale), Audi, Porsche, FCA et Mercedes.
Résultat : on se retrouve avec un bilan fort peu reluisant en matière d’émissions polluantes des véhicules sur nos routes.
Beaucoup moins de pollution atmosphérique avec les véhicules électriques
La plupart de ces émissions polluantes atmosphériques sortant des pots d’échappement des véhicules fonctionnant au pétrole disparaissent avec les véhicules électriques. En effet, un véhicule électrique léger ou lourd, lors de son utilisation, n’émet pas de monoxyde de carbone, de composés organiques volatils, de NOx ou de SO2. Reste les émissions de particules fines issues de l’usure des pneus et des freins, car tout comme un véhicule à essence ou diésel, le véhicule électrique a recours à des pneumatiques et à un système de freinage.
Or, les VÉ utilisant beaucoup moins leurs freins mécaniques grâce à la « compression électrique » du freinage régénératif, les émissions de particules fines provenant du freinage sont de 3 à 10 fois moins élevées que celles produites par les freins de véhicules propulsés par un moteur thermique.
La transition vers des véhicules électriques légers et lourds représente donc un réel progrès en ce qui a trait à la diminution de la pollution atmosphérique, aussi bien pour notre environnement que pour notre santé… et les coûts qui en résultent!
En terminant, un autre élément nocif qui est souvent négligé, mais a son importance : la pollution sonore. En effet, les véhicules électriques sont beaucoup plus silencieux que les véhicules fonctionnant à l’essence et au diésel. Or, selon l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ), la pollution sonore affecte environ 750 000 Québécois et coûte au bas mot, en frais médicaux, 780 M$ annuellement. Sur ce plan aussi, les véhicules électriques contribuent positivement à la santé et à la qualité de vie de la population.