L’ère du véhicule récréatif est à son paroxysme, et la « van life » est en grande partie responsable. Si vous n’êtes pas familier avec cette tendance qui a pris son envol il y a quelques années, elle consiste à habiter à plus ou moins long terme dans un véhicule aménagé. Les fameux Westfalia sont un exemple, mais de nos jours la tendance est à la modification d’autobus ou de fourgons bien connus, tels que les Mercedes-Benz Sprinter, Ford Transit, Ram ProMaster ou autres modèles du genre.
NomadVan, cette entreprise de Beloeil avec laquelle j’ai fait un reportage il y a quelques années, a converti plus de 160 vans depuis 2017. Chacune a été entièrement personnalisée au goût de l’acheteur, ce qui a permis à Olivier Bilodeau, propriétaire de l’entreprise, de cerner quels sont les aménagements les plus avantageux, les plus populaires et les plus conviviaux. Il s’est donc penché sur une nouvelle gamme de produits, qui s’ajoute aux commandes entièrement personnalisées et qui constitue l’aboutissement de ces années d’expérience en construction de vans. J’ai fait l’essai de ce nouveau véhicule Nomad Séries sur la base d’un Mercedes-Benz Sprinter 4x4 170 2019.

Aménagement intérieur
L’idée derrière le Nomad Séries est de proposer à l’acheteur différents types d’aménagements intérieurs prédéterminés pour les trois pièces du van pour ultimement lui offrir un produit moins cher qu’il pourra obtenir plus rapidement. Il aura le choix entre quelques aménagements de chambre à coucher, de cuisine et de salle à manger, lesquels ont déjà tous été testés pour offrir la meilleure balance d’utilisation de l’espace et de convivialité.
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Cependant, cette stratégie ne signifie pas que l’acheteur est limité dans ses choix : il peut sélectionner plusieurs options telles que le type de cuisinière, de frigo, de banquette, la présence ou non d’une unité d’air climatisé et même la présence d’un plancher chauffant.
Par exemple, dans le véhicule testé, le lit est d’une dimension similaire à celle d’un lit "queen", avec des dômes placés de part et d’autre pour augmenter le dégagement à la tête et aux pieds. Les personnes de plus grandes tailles seront légèrement coincées, mais c’est le compromis à faire pour conserver la largeur relativement étroite du véhicule, ce qui lui procure une certaine agilité. Pour ma part, je n'ai eu aucun problème d’espace.

L’espace cuisine est le plus impressionnant. On y retrouve un comptoir, un évier, une plaque à induction, une douche avec toilette amovible, un frigo 12 volts avec congélateur, un four à micro-ondes, une poubelle, un bac de récupération, un coffre-fort et une cafetière. C’est fou de constater que tous ces équipements peuvent occuper un si petit espace. Mais il faut comprendre que tout est miniaturisé ou réduit en nombre en comparaison avec ce qu’on trouve dans une cuisine de maison. Néanmoins, l’essentiel est présent et l’ergonomie est bonne.
Il faut se concentrer sur la douche, en acier inoxydable avec joints soudés (pour éviter les fuites), qui comprend un caillebotis en cèdre pour le confort et une toilette amovible, laquelle doit être déplacée quand vient le temps de se laver. Quand elle est en place, la toilette demande une certaine agilité corporelle pour être utilisée et implique nécessairement une proximité avec les autres occupants. Heureusement, un puissant ventilateur se trouve au plafond pour évacuer les effluves d’une « grosse job », ou encore la fumée provoquée par la cuisson.

Pour l’espace salle à manger, ce véhicule est équipé d’une banquette à deux places munie de ceintures de sécurité, d’une table de 32 pouces de large dépliable et ajustable et on peut retourner les deux fauteuils du poste de conduite. Vous avez donc quatre places assises pour les déplacements, et quatre places assises à la table.
Quand viendra le temps pour un acheteur de configurer son Nomad Séries, il pourra ajouter des accessoires extérieurs pour l’adapter à ses besoins ou à ses goûts. Les options pourraient être par exemple un support de toit haut de gamme, des phares de tous les côtés, un auvent motorisé, un treuil d'une capacité de 12 000 lb, une échelle, des roues plus jolies, un groupe électrogène plus performant, etc. Mon véhicule était équipé de tous ces accessoires, en plus d’une tente de toit, d'une suspension à ballons connectée via Bluetooth, et d’une boîte à skis pour accueillir à la fois plus de monde, mais aussi plus de matériel.
Partir en cavale
Étant amateur de camping et ayant voyagé à quelques occasions avec une roulotte ou encore avec une tente, vous comprendrez que j’étais surexcité de partir en cavale avec un van aménagé pour vivre la « vanlife », une première pour moi.
Je suis donc parti avec ma conjointe pour trois jours d’aventure, une bien modeste escapade en comparaison avec les « vanlifers » endurcis qui vivent dans leur van pendant des mois. Comme l’idée derrière un van campeur est de se déplacer, nous avons décidé d’abord de se rendre dans les Laurentides, à Sainte-Agathe-des-Monts, Saint-Adolphe-d’Howard et Val-David, puis de poursuivre dans Lanaudière, à Saint-Donat et Berthierville. Au total, plus de 600 km entrecoupés de plusieurs arrêts pour manger, dormir, ou encore visiter.

Ce qui m’a d’abord frappé est la facilité d’utilisation. Jamais nous n’avons manqué de courant, malgré notre utilisation du frigo, de la plaque à induction, de la cafetière (ma copine boit beaucoup de café), du mélangeur et du four à micro-ondes. Et pourtant, même si j’avais la possibilité, je n’ai pas branché le véhicule.
Sous le véhicule dans un bac scellé se trouve quatre batteries lithium-ion de 200 ampères-heures autochauffantes (pour préserver la performance par temps froid), lequel est revigoré par trois panneaux solaires de 175 watts placés sur le toit, le tout assemblé avec du matériel de qualité résidentielle. À l’aide du petit panneau de contrôle situé au-dessus de l’évier, j’ai suivi la performance du système : la réserve d’énergie baissait de quelques points de pourcentage la nuit tombée en fonction de notre utilisation, mais elle était récupérée au moins entièrement au matin avec la clarté du jour.
L’utilisation de l’eau chaude est tout aussi sans tracas. Il y a un réservoir d’eau chaude placé à l’arrière du véhicule et qui est chauffé par le circuit d’antigel du moteur thermique, un système d’une efficacité redoutable. Même arrêté pendant plus de 12 heures, l’eau était encore très chaude, laissant présager une autonomie d’au moins 24 à 36 heures. Tout ça se fait automatiquement, un casse-tête de moins quand on voyage. Et si vous restez plusieurs jours au même endroit, il y a un chauffe-eau d’appoint.

Comme nous avons fait notre périple au printemps, j’étais curieux de voir l’efficacité du système de chauffage. Dans le cas de ce véhicule, il s’agit d’un système Webasto qui fonctionne au diesel et qui puise son carburant à même le réservoir du véhicule. Malgré la température de -6 degrés Celsius – ce qui n’est pas excessivement froid – que nous avons rencontrée pendant trois nuits, la chaleur n’a pas manqué! C’est d’autant plus vrai quand les rideaux sont en place; ceux-ci sont non seulement opaques, mais également isolants. En combinaison avec l’isolation des murs faite à la laine de roche, ils limitent beaucoup la perte de chaleur, et améliorent le confort à un point tel que je n’aurais aucune crainte à dormir à bord en plein hiver.
Et quelle utilisation de l’espace! J’ai cherché des espaces inutilisés, mais en vain. Il y a des rangements partout et les moindres recoins sont exploités, ne serait-ce que pour un petit vide-poches. Évidemment, il faut être parcimonieux avec nos effets personnels, mais l’espace ne manque pas pour la bouffe (dans les armoires cuisine), les vêtements (au-dessus du lit), les sacs de randonnée (au-dessus du poste de conduite) et même les vélos. Oui, il y a un garage accessible par l’intérieur ou par les portes arrière, un espace génial avec tiroir qui facilite l’utilisation.

Ce qui sous-tend tout cet habitacle, c’est la qualité de la finition exemplaire. Tous les panneaux de bois des armoires sont bien alignés, bien sablés et bien vernis. Même les espaces de rangements camouflés dans le garage ont un filet de rétention ou encore des sangles, témoignant de l’attention aux détails. En déplacement, aucun craquement, aucune sonnette hormis celle d’une fourchette mal placée; tout est très solide et c’est franchement dans une classe à part. Bien des constructeurs automobiles devrait s’en inspirer, d’ailleurs.
Donc, de s’installer est aussi simple que de trouver un endroit logique et respectueux des autres pour s'arrêter, pivoter les sièges avant du véhicule et déplier la table. Et dans le cas où il fait beau et chaud, la portière coulissante (avec moustiquaire) demeure ouverte en permanence pour profiter du grand air. Franchement génial, pour autant qu’on aime ce genre d’aventures!

Conduite du véhicule
Même si un des grands intérêts du véhicule repose dans son espace de vie, il faut néanmoins le conduire pour le déplacer. Évidemment, le poids ajouté à l’arrière par l’équipement rend le véhicule plus lourd, impactant sur sa capacité d’accélération et sur ses réactions sur la route. Malgré tout, le V6 3,0 litres turbodiesel ne manque pas de souffle avec son couple à bas régime et son ardeur au travail. Les 325 lb-pi de couple sont tous là, et permettent une accélération et une performance globale très acceptable pour un tel véhicule. Que dire aussi de la douceur de la transmission automatique, très bien adaptée au véhicule.
Sur la route, la tenue de route est étonnante malgré les gros pneus, la garde au sol élevée et la hauteur de la caisse. Quelle surprise de conduire un véhicule aussi bien planté au sol avec une visibilité carrément irréprochable, en raison du grand pare-brise et de la position assise élevée, alors qu’il ne le laissait pas paraitre. La taille du véhicule demeure imposante, mais la direction avec un court diamètre de braquage rend le Nomad Séries agile en ville ou dans les stationnements plus serrés. Soyez aussi assurés qu’il est remarqué sur son passage; je ne compte plus le nombre de pouces en l’air, de commentaires positifs et de questions qui m’ont été adressés pendant ma virée.
En termes de consommation de carburant, je m’en suis tenu à 16,7 litres/100 km, ce que je considère excellent pour un véhicule de ce poids, avec un coefficient aérodynamique défavorable et des pneus restrictifs. Et si jamais vous désirez vous aventurer, ce Sprinter est équipé d’un rouage 4x4 qui peut envoyer jusqu’à 35% de puissance à l’avant, pour vous sortir du pétrin. D’ailleurs, tous les ajouts sous la caisse sont placés en hauteur pour ne pas diminuer la garde au sol.

Parlons prix
Le prix de départ du Nomad Séries basé sur un Mercedes-Benz Sprinter 2500 à propulsion et toit haut est de 178 995 $, y compris l’achat du fourgon initial. Dans l’avenir, d’autres déclinaisons seront proposées, et la conversion d’autres produits en Nomad Séries (Ford Transit ou Ram ProMaster) sera possible.
Le véhicule que j’avais avec moi en est un absolument tout équipé, autant à l’intérieur, qu’à l’extérieur, avec des pièces haut de gamme. C’est d’ailleurs ce qui fait grimper son prix à 331 000 $ + taxes, y compris le prix du Sprinter 4x4 170 et de tous les accessoires à bord, tels que la vaisselle et les chaises de camping. Ce prix peut sembler cher à la base, mais il demeure concurrentiel compte tenu de l’équipement haut de gamme, de la qualité de finition du véhicule et du confort du véhicule, encore une fois dans une classe à part.
Alors, quand est-ce qu’on repart?
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