En 2019, au Salon de Genève, Hispano-Suiza, le constructeur franco-espagnol de voitures de prestige, a dévoilé un nouveau modèle après près d'un siècle de silence. Il s’agit de la Carmen, une bagnole électrique du type grand tourisme dont le design s’inspirait de la dernière voiture assemblée par le constructeur, soit la H6B Dubonnet Xenia en 1938, reconnue comme l’une des œuvres d’art industrielles les plus symboliques de son époque.
Deux ans plus tard, Hispano-Suiza entame enfin le processus d’assemblage de sa Carmen, laquelle ne sera commercialisée qu'en quelque 25 exemplaires dans le monde. L’équipe de RPM s’est entretenue avec le PDG de l’entreprise, Sergio Martinez Campos, pour en apprendre plus sur ses projets d’expansion sur notre marché.
À un prix de départ de 1,7 million $, la Carmen n’est certainement pas pour tout le monde. Il s’agit d’un véhicule spécialement conçu pour les collectionneurs milliardaires. Mais dans cette catégorie de voitures, c’est l’exclusivité qui prime, et avec un design aussi frappant et une histoire aussi marquée derrière elle, Hispano-Suiza, qui se targue d’être la plus vielle entreprise émergente du monde, a tout ce qu’il faut pour attirer les gros portefeuilles.
Ce qui est d’autant plus fascinant avec la Carmen, c’est qu’elle démontre à quel point l’électrification des transports ouvrira la porte à de nouvelles possibilités en matière de conception de véhicules.
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Sous sa carrosserie absolument magnifique qui calque les lignes de son ancêtre tout en s’affichant comme un véhicule ultra moderne et prestigieux, on retrouve une structure entièrement composée de fibre de carbone, conçue et assemblée à la main au siège social de l’entreprise, à Barcelone.
Le trio de l’avenir
C’est toutefois sa technologie électrique qui nous a le plus surpris. Lors de son dévoilement à Genève, la Carmen a été présentée au même moment que deux autres superbolides électriques, soit les Arcfox GT et GT Racer dédiés au marché chinois.
Le trio de superbolides a été alimenté par QEV technologies, l’entreprise espagnole qui se spécialise dans la conception et le développement de batteries et de moteurs électriques. Il est à noter que certains employés se sont d’abord fait les dents chez Rimac, le constructeur de supervoitures électriques croate. Fournisseur pour certains constructeurs d’automobiles de grand luxe, QEV fournit également ses composants aux voitures de course de la formule E.
Or, la Carmen utilise une batterie d’une capacité de 88 kilowattheures et composée de 700 cellules refroidies par liquide. Elle permet d’alimenter deux moteurs électriques positionnés sur le train arrière, pour une puissance totale combinée de 750 kilowatts (1 005 chevaux). Le couple est chiffré à 700 livres-pieds. Toute cette cavalerie permet à la Carmen de boucler le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure sous la barre des 3 secondes, et ce, malgré l’absence des quatre roues motrices. L’autonomie estimée par le cycle d’évaluation WLTP est de 450 kilomètres, ou un peu plus de 350 kilomètres quand la Carmen sera soumise aux exigences de l’EPA.
Au moment d’écrire ces lignes, Hispano-Suiza travaille de concert avec QEV pour proposer une batterie d’une capacité encore plus élevée, soit de 105 kilowattheures. La Carmen a d’ailleurs été conçue pour que sa batterie soit interchangeable et puisse évoluer avec l’arrivée de nouvelles technologies.
Une entreprise sérieuse
Maintenant, pourquoi tout cela est-il important pour notre marché, et pourquoi parlons-nous d’un tout petit constructeur espagnol qui ne produit qu’une poignée de bolides à des prix faramineux ? Parce qu’Hispano-Suiza dit vouloir conquérir le marché nord-américain et se dit prête à vendre sa Carmen – ainsi que les autres modèles qui la suivront – au Canada.
« Nos véhicules sont homologués pour l’Amérique du Nord, et nous avons déjà commencé à livrer des Carmen au Mexique et aux États-Unis. Nous avons également l’intention de nous implanter au Canada. Un marché comme le Québec est très intéressant en raison de son intérêt pour la voiture électrique. Nous croyons que les acheteurs de voitures de prestige cherchent toujours à se démarquer et seront ainsi attirés par ce qu’offre notre entreprise et son héritage. »
M. Campos souligne que c’est l’arrière-petit-fils du fondateur d’Hispano-Suiza, Miguel Suqué Mateu, qui voulait honorer l’héritage familial. Il attendait tout simplement le bon moment. À ses yeux, l’arrivée de l’électrification permet de réinventer l’automobile et de laisser place à une foule de nouveaux concepts. « Nous sommes témoins du retour des carrossiers de grand luxe, comme à l’époque d’avant-guerre. De nouveaux constructeurs pourront partager des plateformes et des technologies, tout en se démarquant par le design et l’expérience qu’offriront leurs véhicules », explique le PDG de l’entreprise.
Si la Carmen, ou la Carmen Bologne, sa version encore plus légère et performante, vous intéresse, M. Campos vous invite à vous inscrire au programme de personnalisation Dream One du constructeur par l’entremise de son site internet. Un ambassadeur de la marque entrera ensuite en contact avec vous pour la conception de votre bolide d’exception qui demandera environ neuf mois d’assemblage.
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