Comme la plupart des « gars de char », l’hiver est loin d’être ma saison favorite. Les plus belles voitures reposent pour la plupart dans des garages et les autres subissent constamment de mauvais traitements, n’ayant pas droit à ce traitement de faveur. Qui plus est, impossible de conserver une voiture propre, plus de 30 secondes.
En revanche, il faut admettre que la conduite hivernale, lorsque les conditions le permettent, peut être agréable. Bien sûr, une voiture efficace et de bons pneus d’hiver sont primordiaux pour pouvoir apprécier une telle conduite, mais il n’en demeure pas moins qu’on peut tout de même en retirer du plaisir, surtout avec un bon coup de volant.
Ainsi, pour nous faire oublier le côté morose de la saison froide, mais aussi pour nous faire découvrir les vertus de ses bolides, Porsche a créé en 2011 le Camp4. Il s’agit d’un événement qui consiste à mettre en lumière les aptitudes des voitures Porsche sur la neige, mais surtout d’améliorer l’habileté et les connaissances des conducteurs. Chaque année, on organise donc cet événement à Notre-Dame-de-la-Merci, sur le magnifique site du circuit Mecaglisse, endroit de prédilection pour tout amateur de conduite automobile.
Cliquez ici pour visionner notre reportage du Porsche Camp4 2015
Bienvenue à RPM
Si certains constructeurs automobiles se montrent réticents à faire conduire des sportives aux journalistes automobiles durant la saison froide, Porsche n’a en ce sens jamais considéré l’hiver comme un obstacle. Bien sûr, certaines des voitures Porsche les plus extrêmes sont très mal adaptées aux bancs de neige du Plateau Mont-Royal, mais je me remémore encore cette semaine de janvier passée au volant d’une Boxster Spyder 2011, avec laquelle j’avais eu beaucoup de plaisir ! L’invitation de Porsche à vivre l’expérience du Camp4, lancée à l’équipe de RPM, constituait donc pour moi une occasion en or de renouer avec ce souvenir mémorable…
À peine 7h le matin, achevant un copieux déjeuner à l’auberge l’Estérel, l’équipe de journalistes que nous sommes est conviée pour une présentation technique qui tracera les grandes lignes de nos activités de la journée. Dérapage contrôlé, sous-virage, survirage, slalom et anticipation au freinage constitueront une grande partie de la journée, qui se terminera par une mise en pratique complète sur circuit. Et bien sûr, le tout au volant des plus récents modèles de la marque.
Rendu sur place, on divise le groupe en diverses équipes, lesquelles seront chacune chapeautées par un instructeur-chef et une assistante. Commencent ensuite les activités qui, en ce qui nous concerne, débutent au volant d’une Cayman S. En désactivant ici, et de façon progressive, les systèmes d’assistance à la conduite, on nous fera ici découvrir les vertus de ces dispositifs, mais aussi toute la dynamique d’une voiture à roues motrices arrière et moteur central. Sous-virage et survirage surviendront à maintes reprises, ce qui permet ainsi d’apprendre à doser la pression sur l’accélérateur et à maximiser la puissance disponible, avec le bon rapport.
Suivrons ensuite deux exercices consécutifs, respectivement au volant des 911 Carrera S et 4S deux voitures sensationnelles parfaitement adaptées à la situation. Magnifiquement chaussées de pneus à crampons Nokian Hakkapeliitta, les voitures nous donneront l’assurance de toujours pouvoir nous tirer d’affaire. Et franchement, les capacités sur neige et sur glace de la 911, même en deux roues motrices, sont spectaculaires. Ajoutez à cela l’extraordinaire précision de sa direction, un élément toujours aussi légendaire des voitures Porsche. Maintenant, cela n’empêchera pas l’ami Benoît d’effectuer quelques tête-à-queue sur le circuit circulaire, ce qui me permettra de rire un peu. Quant à moi, une mauvaise anticipation du transfert de poids lors d’un exercice de slalom m’aura coûté une sortie de piste dans le banc de neige. Tout comme la voiture, j’en sortirai indemne, l’égo à peine effleuré ! D’ailleurs, la beauté de la chose, c’est que dans ce genre d’exercice, on a droit à l’erreur. Et comme l’environnement est parfaitement sécuritaire et contrôlé, les dangers sont à peu près inexistants.
On terminera ensuite les exercices de mise en pratique avec une 911 Carrera 4S, sur une portion du circuit, où l’objectif sera d’effectuer à répétition une série de freinage afin de provoquer un léger dérapage pour rediriger la voiture dans une direction précise. Voilà un exercice peu instinctif, contre nature, mais que l’on prend davantage plaisir à effectuer à chaque tour. Bien sûr, avec tous les systèmes d’assistance désactivés, les risques de perte de contrôle seront ici plus grands. Mais là où le risque augmente, le plaisir croît lui aussi…
Entrecoupé de petites poses, le temps de recevoir une démonstration sur l’exercice à effectuer, les différentes étapes de la journée nous auront permis de nous familiariser avec les bolides sur différentes surfaces, d’améliorer nos techniques de conduite, de mettre côté quelques vieilles habitudes et de rafraîchir notre mémoire sur certains détails comme la position de conduite et l’anticipation.
3,2 kilomètres du pur bonheur…
Parce qu’en février, le soleil songe à disparaître bien avant qu’on se lasse de conduire, on convoquera vers 15 heures toutes les équipes pour un exercice final qui consistera à mettre en pratique tout ce qui nous aura été enseigné au cours de la journée, et ce, sur la totalité des différentes portions du circuit utilisé préalablement. Long de 3,2 kilomètres, ce magnifique circuit revêtant neige et glace, et parsemé de courbes, d’obstacles et de dénivellation, nous permettra carrément de lâcher notre fou. J’aurai personnellement effectué le trajet au volant de la 911 Carrera S, toute assistance désactivée, histoire de faire grimper le niveau de difficulté. Ah…si j’avais pu, j’aurais continué durant des heures. Mais, toute bonne chose a une fin.
Ainsi se sera achevée cette folle journée, en plein cœur des Hautes-Laurentides, dans un environnement plus qu’enchanteur. Et même si le froid plutôt intense nous incitait à faire usage des sièges chauffants, il était ce jour-là bien difficile pour moi de se plaindre du maudit hiver…
Silence, on tourne !
Bien sûr, cette journée passée au volant des différents modèles de Porsche se voulait aussi pour nous une journée de « travail », qui s’est traduite en un reportage que vous avez pu voir à RPM. Benoît et moi avons néanmoins eu un plaisir fou ce jour-là, ayant tout de même une pensée chaleureuse pour notre équipe technique qui se devait de braver la température glaciale pour rapporter des images de l’événement. Et en rajoutant à cela le fait que notre caméraman Louis soit un véritable maniaque de Porsche, je peux certainement vous dire qu’on flairait un brin de jalousie de sa part. Alors…salut Louis !
Cela dit, la journée média à laquelle nous étions conviés était bien sûr suivie de deux semaines complètes de journées publiques, où des gens de toute provenance pouvaient prendre part à l’exercice. Louis aurait donc pu à son tour prendre le volant de ces voitures en suivant la formation, à condition qu’il débourse bien évidemment la somme requise pour y avoir accès. Et bien sûr, vous l’aurez ainsi deviné, cette formation n’est pas offerte à toutes les bourses. Il faut en effet allonger 5 195$ pour la formation de base, 6 195$ pour le Camp4S, plus poussé, et 7 195$ pour le Camp4RS, d’une durée de trois jours, où on repousse véritablement les limites de la performance. Sachez cependant deux choses. Pour effectuer le Camp4S ou le Camp4RS, il faut avoir effectué ceux qui les précèdent, ce qui en d’autres termes, signifie qu’il vous en coûterait en tout 18 585$ pour accéder au Camp4RS. Vous pourriez vous consoler en sachant que tout cela inclut la nourriture et l’hébergement, mais ça demeure néanmoins très cher.
Cela dit, une journée inoubliable, aussi amusante qu’instructive, et qui pourrait sans aucun doute convaincre plusieurs propriétaires de voitures Porsche de se procurer de bons pneus d’hiver et de braver la saison froide au volant de leur sportive favorite.