De mon vivant, Winnipeg fait partie des villes les plus ennuyantes que j’ai pu visiter. Et mes quelques rares périples au Manitoba m’ont confirmé que jamais je ne choisirais cette province comme destination vacances. Or, l’invitation de Mercedes-Benz à participer à une formation de conduite hivernale à cet endroit, a piqué ma curiosité. Allait-on réussir à me faire aimer le Manitoba? Allait-on trouver des courbes dans une région rurale ou même la présence d’une intersection frise l’exotisme?
Il faut dire que le bref menu de l’invitation initiale ne comportait que peu d’informations. Néanmoins, connaissant l’expertise de Danny Kok, chef instructeur de tous les événements de conduite chapeautés par Mercedes-Benz Canada, tout cela m’inspirait confiance. J’ai donc accepté l’invitation sans hésiter, en prenant soin que de prendre le minimum d’informations pour me garder la surprise. C’est donc au moment de prendre l’avion depuis Montréal qu’un collègue m’annonçait la présence sur place des modèles Mercedes-AMG CLA45, C63 S et CLS63. De quoi s’amuser sans relâche.
Arrivés à Winnipeg, une navette nous récupérait pour nous amener à l’endroit en question, situé à une centaine de kilomètres au nord de la ville. C’est en fait dans le village de Gimli, aux abords du lac Manitoba, que nous allions être conviés, afin de découvrir un terrain de jeu tracé sur mesure sur la surface du lac gelé. Et à cet endroit, il ne faut nullement s’inquiéter pour l’espace. Le lac Manitoba est classifié comme le 33e plus grand lac de la planète, avec une superficie de 4 624 km2. Et ne vous inquiétez pas non plus pour l’épaisseur de la glace, estimée à 90 cm. Sachant qu’il ne faut que 15 cm de glace pour soutenir une voiture, cet endroit s’avère ainsi on ne peut plus sécuritaire.
Aussitôt débarqué, voilà qu’on nous conviait à prendre le volant des voitures. Trois ou quatre minutes d’informations nécessaires pour énoncer les quelques règles de sécurité, et nous étions partis. Qu’allions-nous faire sur la piste alors que la nuit était tombée et qu’il n’y avait évidemment aucune lumière sur place? Tout simplement se payer une jolie partie de plaisir !
Ni une ni deux, un instructeur nous amenait sur l’un des quatre circuits aménagés pour un tour de repérage. Nous étions au volant de la C63 S. Une voiture propulsée de 503 chevaux, capable de performances époustouflantes. Ensuite, deuxième circuit au volant de la CLA45, puis un troisième dans cette lourde bibitte de 577 chevaux qu’était la CLS63. Ce petit 90 minutes, passé au volant des voitures, n’allait être qu’un avant-goût de ce qui allait nous attendre le lendemain.
Place à la formation
D’ordinaire, une école de conduite hivernale vous impose une longue formation technique qui vous brime dans le temps de conduite. Pourtant, à peine 45 minutes de théorie dans cette formation écourtée pour les médias allaient être nécessaires avant de sauter dans les bolides. Le temps de nous remémorer les bienfaits d’une bonne position de conduite, d’une vision préventive et d’évoquer la réaction distincte des trois voitures que nous allions conduire, et c’était fait. Il fallait aussi, au passage, nous enseigner quelques trucs primordiaux, tels que la technique de croisement des mains pour la prise du volant en virage, ou encore l’exploitation massive des freins pour engendrer le décrochage du train arrière, tout en évitant l’effet de sous-virage.
Il faut dire que cette école vous enseigne en plus des techniques de glisse, à prendre plaisir au volant de différents modèles Mercedes-Benz de performance, vous inculquant au passage de nombreux trucs qui vous permettent rapidement de devenir un meilleur conducteur. Mieux comprendre les transferts de poids des voitures, apprendre à faire corps avec son bolide et conduire avec une plus grande finesse, pour gagner en efficacité et en vitesse. Voilà quelques-uns des facteurs qui ressortent lors de cette formation.
Les épreuves
Les médias ont eu droit à une formation écourtée, ne durant qu’un peu plus d’une journée, alors que le particulier qui souhaite y adhérer a droit à trois jours de pur bonheur. Rapidement, il était ainsi question de découvrir les différents circuits aménagés, toujours avec différents bolides. Les instructeurs ont choisi de reprendre les noms de prestigieux circuits tels que Tremblant, Mosport et Laguna Seca pour baptiser leurs propres circuits, lesquels s’apparentent bien à l’esprit de ces derniers. À titre d’exemple, le circuit Mosport se veut de loin le plus rapide, alors que Tremblant se veut plus technique.
En plus des trois circuits thématiques se trouve un anneau baptisé AMG Arena, lequel reprend la forme d’une cacahouète. Ce dernier est d’ailleurs utilisé pour une compétition amicale à laquelle on participe à la fin de l’événement, visant à évaluer votre apprentissage. Pour ce faire, on place deux voitures à chaque extrémité du circuit auxquelles on donnera le départ. Le premier à franchir deux tours complets remporte la course. Et bien sûr, on procède par élimination jusqu’à ce qu’un grand gagnant soit couronné.
Cela dit, l’apogée de l’événement réside au fait qu’on puisse jumeler les quatre circuits ensemble, pour n’en créer qu’un seul. On obtient ainsi un gigantesque parcours de 7,4 kilomètres qui vous décroche un sourire continu aussi longtemps qui vous vous y trouverez.
Les voitures
Pour moi, la CLA45 allait être de loin la plus intéressante à conduire sur ce circuit. C’est du moins l’impression que me donnait la liste des voitures, qui comporte une C63 à roues motrices arrière, ainsi qu’une CLS63, très lourde. Évidemment, oublions le G550 avec lequel j’aurais bien aimé m’amuser, mais qui n’était nécessairement de circonstance !
Le hasard a voulu que je débute la journée au volant de la C63. Puissante, brutale, et plus délicate à conduire que les deux autres en raison de l’absence du système 4Matic. Maniable, puissante et parfaitement adaptée à ce genre d’exercice, cette voiture a su prouver qu’elle peut se montrer à la fois docile et violente. La progression dans la pédale est palpable et on parvient rapidement à doser la puissance pour en extirper le meilleur. C’est d’ailleurs avec ce bolide que nous avons dû effectuer la compétition de fin de journée, ce qui a donné lieu à quelques décrochages.
Puis, je suis passé à la CLA, plus légère. Elle est certes moins puissante (362 chevaux contre 503), mais la façon d’exploiter la mécanique diffère beaucoup. Ici, on exploite davantage les hauts régimes, on fait chanter la mécanique. Et encore une fois, le plaisir est incroyable. Cet exercice m’a d’ailleurs permis de redécouvrir une voiture souvent boudée au détriment d’une Audi S3. Comme je serais curieux de les placer côte à côte dans cette même situation !
Finalement, je suis passé à la brute. La CLS63. Je l’avoue, je n’ai jamais été un fan de ce modèle plutôt tape-à-l’œil. Et je continue d’affirmer qu’en ce qui me concerne, je pencherais pour une E63 bien avant. Malgré cela, la voiture qui m’apparaissait puissante, mais inadéquate aux premiers tours de piste est finalement devenue ma favorite de l’épreuve. En effet, parce qu’elle nous permet de lâcher notre fou, parce que la puissance est revolver et parce que la direction est étonnamment précise, on y prend rapidement goût. En fait, non seulement le rouage intégral 4Matic performe à merveille, mais la puissance est telle qu’elle nous permet de nous reprendre ou de corriger les petites erreurs de technique qu’on aurait pu commettre. Je craignais parfois de frôler les bancs de neige, mais en appuyant à fond, j’étais capable malgré la situation de ramener la voiture dans sa trajectoire et d’éviter le pire. Ajoutez à cela le bonheur de cette violente symphonie émanant des pots d’échappement et vous vous imaginez qu’il était difficile même après des heures de rentrer au bercail…
Les modifications
Pour protéger l’état des voitures, l’AMG Driving Academy équipe ses voitures de jupes de protection fabriquées de carbone/kevlar. Avant que vous ne posiez la question, ces jupes très esthétiques ne sont pas offertes par votre concessionnaire et coûtent plusieurs milliers de dollars pièce. Or, elles ont permis d’éviter bien des dommages au cours des différentes sessions de la saison.
On équipe également les voitures de pneumatiques d’hiver extrêmement performants, de marque Lappi, sur lesquels se greffent entre 275 et 400 clous de 2,2 mm de diamètre chacun. Ici, pas question de lésiner sur l’efficacité de la traction. Et pour cause, ces pneus ont tellement de mordant qu’ils vous donnent l’impression au final de rouler sur une surface asphaltée humide, plutôt que sur de la glace vive.
Le plus impressionnant, c’est que chacun des clous de ces pneumatiques est collé (et non vissé) à la main par un couple suédois qui assemble plus de 600 pneus dans le garage de leur domicile. Faites le calcul, à 400 clous du pneu…
Celle-ci, ou une autre?
Les écoles de conduite hivernale avancée se multiplient. Il en existe pour tous les goûts et les budgets. On peut opter dans la grande région de Montréal pour des sessions d’une journée qui vous coûteront moins de 500$, ou encore pour un périple d’une semaine avec Porsche qui vous coûtera avec les frais d’hébergement et de déplacement, le prix d’une petite Chevrolet.
Ici, on joue l’entre-deux. Le coût de l’activité pour trois jours se situe à 3 995$. Une somme raisonnable considérant la latitude et la liberté qu’on vous laisse, en plus du très grand temps de piste. Croyez-moi, après trois jours, vous ressentirez la fatigue comme si vous aviez passé un long week-end sur les pentes sans jamais vous arrêter. Je conclurais ainsi en mentionnant qu’à la lumière de toutes les sessions du genre auxquelles j’ai pu participer jusqu’ici, celle-ci est de loin la plus agréable, la plus constructive. Car chose certaine, à la fin de ce périple, vous serez sans contredit un meilleur conducteur. Surtout en hiver. Et si ce n’est déjà fait, peut-être aurez-vous envie de vous payer une Mercedes-Benz?