Nissan avait dévoilé son plan à long terme Nissan Ambition 2030 en novembre dernier, confirmant son intention de mettre sur le marché en 2028 une batterie à électrolyte solide, aussi appelée batterie à l’état solide ou ASSB (All Solid-State Battery). Dans le but de montrer son sérieux, mais aussi de nous entretenir de cette technologie et des détails qui l’entourent, le constructeur nous a convié à une présentation virtuelle aujourd’hui. Nous y avons appris, entre autres, que l’usine pilote de batteries à électrolyte solide sera lancée en 2024 au centre de recherche de Nissan, à Yokohama au Japon.
Le but est d’étudier plus en profondeur les matériaux, la conception et le processus de fabrication de la batterie tout solide, laquelle sera introduite ultérieurement. Ce sera l’occasion pour le constructeur d’identifier les endroits critiques et de proposer des solutions pour permettre à cette batterie d’être produite à grande échelle pour être commercialisée dans les véhicules destinés au grand public.
Toute cette stratégie fait partie du plan Nissan Ambition 2030 du constructeur, lequel dresse les grandes lignes du chemin que prendra Nissan dans les années à venir. Non seulement souhaite-t-elle produire massivement des véhicules électriques, mais elle envisage de devenir une entreprise de mobilité électrique, où les véhicules électriques serviront à se déplacer mais aussi à fournir de l’énergie en période de pointe tout en limitant l’impact environnemental de l’automobile.
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La batterie à l’état solide en détail
Au cœur de cette stratégie se trouve la batterie à électrolyte solide. Alors que la batterie lithium-ion est composée de multiples cellules qui comprennent des cathodes et des anodes entourées d’un liquide électrolyte au lithium, la batterie à l’état solide mise plutôt sur un électrolyte solide. Elle promet des avancées qui changeront la donne dans l’univers des véhicules électriques.
Parmi les prouesses les plus prometteuses, mentionnons la densité d’énergie deux fois plus grande, permettant par exemple d’offrir une autonomie doublée pour un même véhicule en comparaison avec une batterie lithium-ion régulière. Aussi, le coût d’acquisition sera plus faible : à l’introduction, en 2028, le coût devrait avoisiner 75 $ américains par kilowattheure et descendra progressivement à 65 $ américains par kilowattheure. À titre comparatif, une batterie lithium-ion coûtait environ 132 $ américain du kilowattheure en 2021 selon Bloomberg. À croire Nissan, cette batterie a le pouvoir de rendre le véhicule électrique aussi abordable qu’un véhicule à moteur à combustion comparable.
L’ASSB est également en mesure d’encaisser une température de fonctionnement plus grande sans subir de dégradation. Elle peut atteindre environ 100 degrés Celcius sans problème, au contraire de la batterie lithium-ion qui plafonne à 60 ou 70 degrés Celcius. Ainsi, la nécessité d’un système de contrôle de la température est moins cruciale. En combinaison avec la plus grande rapidité du transfert d’ions que procure l’électrolyte solide, la recharge d’une telle batterie nécessitera le tiers du temps en comparaison avec une batterie actuelle.
L’enjeu principal de cette batterie demeure l’amélioration de l’efficacité et de la performance dans le but de garantir sa durabilité. L’assemblage nécessite aussi un savoir-faire particulier, notamment en raison du risque de contamination par l’humidité lors de la production. Ce sont des aspects qui seront validés à l’aide de l’usine pilote.
L’expertise de Nissan
Selon ce qu’a affirmé lors de la présentation Kazuhiro Doi, vice-président corporatif au centre de recherche et développement, Nissan dispose d’une expertise unique dans le domaine des batteries en raison du fait qu’elle les développe à l’interne, plutôt que solliciter des tierces parties comme le font d’autres constructeurs.
C’est ce qui permettrait au constructeur japonais de se pencher sur tous les aspects de cette batterie, comme le choix des matériaux qui composent la cathode et l’anode, le choix de l’électrolyte, l’assemblage des cellules, etc. Le constructeur japonais s’est également associé avec différentes universités américaines et la NASA afin de bonifier sa batterie.
L’avis de RPM
Il y a un certain temps que nous entendons parler de cette batterie; Hydro-Québec est même dans la course pour le développement de cette technologie comme nous vous l’avions exposé il y a deux ans. C’est toutefois une des premières fois qu’un constructeur est aussi sérieux dans l’utilisation à grande échelle de la batterie à électrolyte solide, précisant même un échéancier. Demeurons à l’affût, mais il est clair que cette batterie a le potentiel d’améliorer et de démocratiser le véhicule électrique.
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