La réparabilité des automobiles mises sur le marché ces dernières années a fréquemment été interrogée par les experts en mécanique. En effet, le haut niveau de technologie à bord des véhicules récents amène de nouveaux défis quant aux manières de les réparer. Les véhicules électriques sont d’ailleurs souvent sous le feu des projecteurs puisque ceux-ci sont, justement, très technologiques.
Voilà qu’une entreprise du Québec spécialisée dans le domaine des véhicules électriques, Ingenext, a dévoilé à l’équipe de RPM que la plateforme Ultium de GM aurait une faille de conception. À vrai dire, selon les informations recueillies, plusieurs véhicules de la gamme électrique de General Motors pourraient nécessiter des réparations majeures, dont la facture dépasserait la valeur du véhicule, après un banal accrochage.

Le pyrofusible
Le problème de conception serait relié à une pièce importante dans les véhicules d’aujourd’hui. Guillaume André, copropriétaire et directeur des opérations chez Ingenext, a expliqué à l’équipe de RPM que le pyrofusible serait la cause des soucis.
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Cette pièce est en réalité un dispositif de sécurité crucial qui protège le circuit électrique de la batterie haute tension en cas de court-circuit ou de surintensité. Contrairement aux fusibles classiques, le pyrofusible déploie une petite charge pyrotechnique pour interrompre instantanément le courant lorsque le prétensionneur de ceinture s’engage. Cette composante se déclenche la plupart du temps lors d’accident banal afin de bien protéger les occupants.
Cette réaction rapide est essentielle pour éviter des dommages considérables à la batterie et aux autres composants électriques, voire un incendie. Elle intervient donc dans des moments déterminants en coupant complètement le courant de la batterie.

Fait important à noter, tant et aussi longtemps que cette dernière n’est pas remplacée, il devient impossible de réutiliser la batterie du véhicule. Il est aussi crucial de soulever que le pyrofusible s’active dès que le prétensionneur de ceinture s’engage et que ce composant se déclenche la plupart du temps lors d’accident banal afin de bien protéger les occupants.
Pour le moment, l’entreprise Ingenext a uniquement confirmé que le Chevrolet Blazer EV est conçu de la manière problématique. En revanche, étant donné que plusieurs véhicules partagent la même plateforme, la liste pourrait s’allonger. Ainsi, le Chevrolet Equinox EV, et Silverado EV, tout comme les GMC Sierra EV, Hummer EV et les Cadillac LYRIQ, OPTIQ, VISTIQ et Escalade IQ pourrait être touchés. Le Honda Prologue et Acura ZDX sont potentiellement aussi concernés.

Des véhicules jetables?
En règle générale, le changement du pyrofusible se fait de manière plutôt simple. Par exemple, dans les produits Tesla, il ne prend qu’environ une trentaine de minutes à un technicien pour faire la réparation de la pièce et ainsi, remettre le véhicule en marche.
Dans le cas qui nous touche, les véhicules électriques de GM assemblés sur la plateforme Ultium et étant muni du système 4 roues motrices seraient, selon Ingenext, victimes d’un défaut de conception qui empêcherait les spécialistes de pouvoir remplacer ce composant.
Pourquoi? Parce que celui-ci est placé dans la batterie du véhicule, qui est par ailleurs scellée et difficilement accessible. Les véhicules à rouage traction ne sont pas concernés par la situation, car le pyrofusible est positionné dans la boîte à fusibles et est interchangeable.
En revanche, Guillaume André a aussi dévoilé à RPM qu’aucune pièce de remplacement n’existe, ce qui pourrait compliquer la réparation de ces véhicules.
Ainsi, la seule option pour remettre un véhicule en marche est de remplacer complètement la batterie par une batterie neuve ou reconditionnée.

Assurance et coûts
Selon Guillaume André, cette situation pourrait mener les compagnies d’assurance à déclarer plus facilement les véhicules électriques de GM comme étant une perte totale en cas d’accident léger. En effet, le coût de réparation d’une batterie dépasse les 30 000 $ aux dires d’Ingenext, et ceci ne comprend pas le temps et la manutention des spécialistes qui effectueront les travaux.
Ceci pourrait alors amener les sociétés d’assurance à largement augmenter les primes des véhicules touchés par le défaut de fabrication. Toujours selon l’expert, le manque de réparabilité des véhicules concernés est aussi un enjeu environnemental important, étant donné que des batteries encore en bon état de fonctionnement seraient remplacées avant leur fin de vie utile normale.

L’avis de RPM
Bien sûr, cette situation sera surveillée de près par l’équipe de RPM. Si aucune modification n’est apportée, nous avons toutes les raisons de nous inquiéter, tant sur le plan financier qu’environnemental. Il faut aussi vérifier comment GM pourrait réparer les véhicules déjà en circulation et qui sont victimes de ce vice de conception.
GM n’a toujours pas donné suite à notre demande d’information au moment d’écrire ces lignes. Un suivi sera fait sous peu.
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