Une scène peu commune s’est produite ce matin à Montréal alors qu’une file d’attente impromptue s’est formée le long de la rue Ferrier, perpendiculairement à la voie de desserte du boulevard Decarie.
L’occasion : la possibilité de réserver, pour ceux qui avaient la patience d’attendre plus de deux heures, une édition de la nouvelle Tesla 3, modèle dont le dévoilement mondial aura lieu ce soir à 20 h 30 en Californie, ou à 23 h 30, heure locale, si vous préférez.
Une file d’attente pour entrer dans une concession automobile, on avait l’habitude de voir ça à l’époque où les nouveaux millésimes étaient présentés d’un bloc, généralement à l’automne. On peut encore assister à ce genre de scène aujourd’hui lorsqu’un détaillant organise une soirée pour célébrer l’arrivée d’un nouveau joueur dans sa famille.
Là, le nouveau joueur n’a même pas encore été vu qu’on se masse pour le repêcher.
Et à la pluie battante, de surcroît!
La folie!
Sur place, les représentants de Tesla étaient avares de commentaires, puisque la présentation officielle de la voiture n’avait pas encore eu lieu. Cependant, nous avons eu l’occasion d’échanger avec de futurs propriétaires afin de connaître leurs motivations. Du coup, nous avons pu mesurer leur niveau d’enthousiasme.
À l’intérieur, Éric Hébert venait tout juste d’apposer sa signature sur l’entente de réservation, assujettie à un dépôt de 1000 $ (remboursable, soit dit en passant), lorsqu’il nous a livré ses premières impressions. « J’attends ce moment depuis les débuts de Tesla. Je suis l’écolo de mon groupe d’amis et je m’intéresse à tout ce qui concerne le domaine. J’étais intéressé par la Model X, mais j’aurais été forcé de faire trop de sacrifices pour être capable de me la payer. Là, avec un modèle plus abordable, tout devient possible. »
À l’extérieur, minimalement protégé par leurs parapluies, un groupe de trois hommes, sourires aux lèvres, venaient effectuer deux réservations. Encore là, l’engouement suscité par l’arrivée de la nouvelle Model 3 était perceptible à travers leurs échanges : « C’est un tournant important et on le voit par ce qui se passe ici aujourd’hui, nous confiait Éric Monnier. Mon véhicule actuel fait 20 litres aux cent en ville alors vous pouvez vous imaginer mon intérêt envers une voiture électrique. »
Au moment de le rencontrer, vers 12 h 30, le groupe attendait depuis deux heures et en avait encore pour une trentaine de minutes avant d’être appelé à l’intérieur.
En matinée, la situation était encore pire alors que la queue comptait plus de 200 personnes. D’ailleurs, des gens venus de Verchères ont couché sur place afin d’être les premiers à réserver une Model 3. L’ordre de réservation aurait une incidence sur le moment de livraison, attendu dans les meilleurs scénarios pour l’horizon 2018.
D’autres, ayant voulu éviter la file, se sont quand même fait prendre. C’est le cas de Rachelle Thompson, rencontrée alors qu’elle venait de se pointer à la concession. « Je suis venue plus tard en espérant éviter l’attente du matin, mais je n’y échapperai pas. » Cette dernière, qui ne se définit pas comme une passionnée d’automobiles, s’était promise que sa prochaine voiture serait électrique, elle qui conduit une Toyota Matrix. « J’aime de la façon dont la compagnie fait les choses. Ils font bouger l’industrie et leurs pratiques amènent du changement. Si je choisis une Tesla aujourd’hui, c’est d’abord et avant tout pour les valeurs véhiculées par l’entreprise », conclut-elle.
Puis, derrière elle, Réal Labelle, un type déjà converti à la cause électrique depuis l’achat de sa Chevrolet Volt il y a quelques années. « C’est le prix abordable de la Model 3 qui m’amène ici. Je suis déjà satisfait avec ma Volt, mais on va passer à un niveau supérieur avec la Model 3. »
Voilà le genre de commentaire qu’il était possible d’entendre partout à travers le serpentin humain qui prenait forme dans le stationnement de la concession. Malgré la pluie et le froid, la fébrilité était au rendez-vous. Les gens étaient conscients qu’ils vivaient un moment historique.
Lors de notre départ, vers 13 h 15, on comptait encore 75 personnes à l’extérieur et d’autres voitures se pointaient sur place.
Déjà, plus de 200 commandes avaient été passées.
Ailleurs dans le monde, la scène se répète partout. En Australie, un homme aurait patienté trois jours devant le concessionnaire de la ville de Sydney.
Quant à Montréal, on raconte que c’est ici qu’aurait été enregistrée la plus importante file d’attente.
Une folie, certes, mais une belle folie, un peu comme celle du créateur de Tesla, Elon Musk.
D’ailleurs, ne dit-on pas que le génie s’approche de la folie?