L’électrification est devenue le fer de lance de plusieurs constructeurs. C’est une orientation qui planait déjà, mais de l’aveu de plusieurs, Tesla l’a rapidement démocratisée et a forcé l’industrie à réagir. Beaucoup se sont fait prendre de court et ont dû accélérer leur plan de développement électrique en annonçant du même souffle la fin graduelle de la production de leur moteur à essence dans moins d’une décennie.
Le plan tient toujours, mais beaucoup commencent à revoir leur stratégie ou, du moins, à tempérer leur course aux modèles 100 % électriques. Depuis quelque temps, le marché envoie des signes importants qui laissent entrevoir un ralentissement dans la croissance des ventes des véhicules électriques, plusieurs constructeurs laissent entendre que les hybrides feront sans doute partie de l’équation beaucoup plus longtemps qu’on le pense.
Un retour vers les hybrides
C’est le cas de Nissan qui a décidé de revoir son programme de développement ARC. Nissan prévoit lancer 30 nouveaux modèles au cours des 3 prochaines années, dont 16 seront électrifiés et 14 seront des modèles à combustion interne. Ce pas en arrière permettra à Nissan de répondre aux besoins diversifiés des clients dans les marchés où le rythme de l’électrification diffère. Nissan prévoit lancer un total de 34 modèles électrifiés entre l’exercice 2024 et 2030.
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Une croissance qui a atteint un plateau
J’ai eu la chance de m’entretenir avec Ponz Pandikuthira, vice-président senior et directeur de la Planification chez Nissan Amérique du Nord, lors d’une entrevue en marge du Salon de l’auto de New York. Il a fait le point sur les enjeux concernant l’électrification du groupe Nissan/Infiniti, mentionnant d’entrée de jeu que le constructeur réalise que tous les pays ne sont pas au même niveau en matière d’électrification, et que, dans plusieurs endroits, les véhicules électriques posent plusieurs enjeux importants qui ralentissent leur percée.
Selon Pandikuthira, les véhicules électriques ont atteint un certain plateau, et la croissance se fera un peu moins rapidement. Les acheteurs s’aperçoivent aussi que les véhicules entièrement électriques ne sont pas bien adaptés à tous les besoins. C’est notamment le cas des conducteurs qui doivent remorquer souvent de lourdes charges, alors que l’autonomie fond beaucoup plus rapidement. D’ailleurs, Pandikuthira mentionnait que les acheteurs chez Infiniti ne sont pas prêts à passer à des véhicules électriques ou du moins, à accepter les compromis.
Miser sur les petits véhicules électriques
Mais le nerf de la guerre pour les constructeurs, ce sont surtout les coûts de développement. M. Pandikuthira nous mentionnait qu’il est extrêmement coûteux de développer des véhicules électriques ; et encore aujourd’hui, ils ne sont pas rentables. C’est pour cette raison que Nissan compte bien choisir les segments dans lesquelles elle introduira ses véhicules électriques.
À ses yeux, les grosses camionnettes électriques sont trop chères et pas assez efficaces. Elles demandent des compromis trop importants, tout comme certains VUS. Nissan compte lancer des modèles électriques dans les segments les plus rentables. Un véhicule qui ne se vend pas c’est une chose, un véhicule électrique qui ne se vend pas, c’est une perte encore plus importante. Les choix doivent être judicieux, et l’entreprise doit être prudente. Pour lui, il faut favoriser la commercialisation de petits véhicules électriques, surtout ceux qui seront abordables.
Questionné à savoir pourquoi le constructeur n’avait pas tablé sur les succès de la pionnière des électriques, la Nissan LEAF, il nous a répondu que c’était une question d’attribution de fonds. La marque avait beaucoup d’autres priorités, comme soutenir le développement de modèles abordables, mais l’aventure de la LEAF lui aura permis d’en apprendre beaucoup et de découvrir qu’ils ont maintenant l’expertise en termes de coûts et de développement de véhicules électriques.
Le constructeur compte aussi miser sur ses alliances et ses partenariats afin de réduire les coûts de développement. C’est d’ailleurs le cas de beaucoup de constructeurs, l’électrification apporte des partenariats inédits qui jamais n’auraient pu voir le jour dans le passé. C’est, à son avis, essentiel de le faire si les constructeurs veulent riposter aux marques chinoises qui ont déjà pris les devants dans les ventes mondiales de véhicules électriques.
Dans un marché en constants changements, on voit bien que les constructeurs ont de la difficulté à bien cerner le marché. Chose certaine, beaucoup ont décidé de revoir leur stratégie afin de conserver une certaine diversité, plutôt que de mettre tous leurs œufs dans le même panier.
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