Lorsqu’un constructeur redoute de ne pas suffisamment attirer l’attention du public et des médias dans un grand salon, il maquille un de ses produits ordinaires pour en faire quelque chose d’extraordinaire. Il dispose alors d’un « concept » dont les médias (y compris nous, je le reconnais) se font des choux gras. Et ça fait parler de la marque, en bien ou en mal. Au moins, on en parle.
Voilà sans doute l’origine du monstre tout terrain présenté par Mercedes-Benz à Genève. Un véhicule baptisé G 500 4x4² (quatre-quatre au carré).
Pour être bien sûr qu’il suscite de l’intérêt, le constructeur l’a décrit comme le « jumeau du G 63 AMG 6x6 ». Impossible de ne pas se souvenir de cet autre concept fantasque. Mais jumeau ne signifie pas clone, sinon cette nouveauté associée au 6x6 de « quasi-série » (Mercedes en a produit à environ 100 exemplaires) aurait aussi six roues.
Pour donner de la prestance à un concept, il fallait pour commencer un moteur ronflant. Le V8 biturbo de 4,0 litres et 422 ch du G 63 AMG 6x6 convenait tout naturellement. On a d’ailleurs pris soin de le doter de deux échappements jumeaux, montés latéralement devant les roues arrière, capables de moduler les sonorités pour livrer « un feulement feutré au ralenti, un ronflement sonore en charge partielle ou un rugissement d'anthologie lors des accélérations à pleine charge », explique de façon imagée le constructeur.
Il faut admettre que le G 500 4x4² ressemble à un de ces camions monstres qu’on voit au spectacle « Monster & FMX » présenté au Stade olympique, chaque année. Ses roues en alliage de 22 po chaussées de pneus larges à gros blocs (325/55R22) y contribuent. Cependant, si elles avaient été chromées et chaussées des pneus lisses, cet ancêtre du catalogue Mercedes aurait facilement passé pour un « Donk ». Vous savez ces véhicules aux roues gigantesques (jusqu’à 30 po !) qu’on surnomme aussi « Hi-riser » et qu’on voit en Floride. Cela dit, dans le cas actuel, je crois quand même qu’un air de rappeur résonnant des haut-parleurs complèterait bien le décor !
Car, Mercedes a voulu jouer dans la démesure, et il ne s’en cache pas. Après tout, ce 4x4 est presque aussi large que haut (2,10 m vs 2,25 m) et sa stature est accentuée par ses gros pneus, mais aussi par une garde au sol accrue (450 mm plutôt 210).
C’est parce qu’il n’est pas un vulgaire objet de parade. On attribue au G 500 4x4² de formidables capacités hors route grâce, entre autres, à ses essieux portiques sensiblement élargis par rapport à la version de série (+299 mm). Sur ces essieux, les jantes ne sont pas centrées sur l'axe, mais nettement plus bas que le moyeu, contrairement aux essieux rigides traditionnels. Voilà pour ce Mercedes en retire une garde au sol très élevée, mais aussi une capacité de franchissement à gué atteignant 1 000 millimètres plutôt que 600. Puisqu’il n’y a pas d’échappement à l’arrière, comme sur un G 500 de série, ce véhicule a aussi de meilleurs angles de franchissement, de surplomb et d’attaque.
Et pour le rendre un peu plus élégant, on l’a doté d’éléments de carrosserie amovibles en fibre de carbone et d’un séduisant habillage Designo Exclusive à l’intérieur. Après tout, même s’il s’agit d’un utilitaire de la Classe G, dont les origines remontent à 1979, il s’agit d’un véhicule d’exception.
D’ailleurs, Mercedes-Benz affirme que les réactions que suscitera ce concept à Genève détermineront s’il en découle une « quasi-série »... comme pour son jumeau !