Saviez-vous que 60 à 70 % des voyageurs ont expérimenté au moins une fois dans leur vie le mal des transports? Les personnes qui connaissent le phénomène peuvent avoir des signes ressemblant à un malaise. Avec des symptômes tels que nausée, maux de tête et étourdissement, le mal des transports est relié aux fonctions d’équilibre du corps humain, selon William Edmond, qui prépare un doctorat sur le thème de la réduction du mal des transports en voiture à l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard, en France.
Publié dans le média The Conversation, M. Edmond a approfondi la question du mal des transports lié aux véhicules d’aujourd’hui ; en effet, c’est à bord des autos que l’être humain vit le plus souvent des symptômes. Son constat est le suivant : l’électrification, l’augmentation de la technologie et les systèmes de conduite autonome sont tous des facteurs qui aggravent le phénomène.
Les véhicules électriques
Le doctorant précise que les passagers sont les plus susceptibles de vivre une situation d’inconfort. Le manque d’anticipation des trajectoires et les conflits entre l’information fournie au cerveau et ce qui se passe réellement au cours du déplacement créent une perturbation d’équilibre. Les occupants vivent donc plus fréquemment des malaises que le conducteur.
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Avec l’augmentation du nombre de véhicules électriques sur le marché, le spécialiste croit qu’un plus grand nombre de déséquilibres se produiront. Le moteur électrique, étant beaucoup plus silencieux qu’un moteur à combustion, peut créer un manque de repères pour les occupants du véhicule.
Ce manque de repères génère naturellement des symptômes du mal des transports. En plus, les véhicules électriques, par leur caractère linéaire, sont réputés pour dégager beaucoup moins de vibrations dans l’habitacle. En ajoutant également le freinage régénératif parfois intense et les accélérations brusques de ces véhicules, le doctorant affirme qu’ils sont un excellent moyen pour générer des malaises lors des déplacements.
Les écrans
Les avancées technologiques à bord des véhicules sont en pleine expansion depuis plusieurs années. Après l’annonce de Mercedes-Benz et l’intégration de ChatGPT dans ses véhicules, il est facile de confirmer que la technologie prendra de plus en plus de place dans les prochains véhicules sur le marché.
Selon William Edmond, ceci produira encore plus de perturbations pour les occupants. Effectivement, la présence croissante des écrans dans l’habitacle crée une progression de cas de mal des transports. Les écrans, fournissant des données en continu, engendrent une surcharge d’information visuelle.
Cette surcharge déclenche automatiquement une distraction, et le passager peut ainsi vivre un conflit entre l’information perçue par les yeux et le mouvement du corps. Cette situation génère donc des symptômes de nausée, des maux de tête ou un sentiment de fatigue soudaine. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est déconseillé de lire un livre ou d’utiliser un écran lors d’un déplacement.
Les systèmes de conduite autonome
L’une des principales sources de l’augmentation à venir du phénomène du mal des transports est le développement des systèmes de conduite autonome, selon le doctorant. Celui-ci précise que, cette fois-ci, ce sont les chauffeurs qui subiront plus de symptômes.
Comme les systèmes de conduite autonome se développent à vive allure, il n’est pas impossible de croire que, dans les prochaines années, certains véhicules seront en mesure de se piloter par eux-mêmes. D’ailleurs, le système Super Cruise de GM est un exemple concret de l’évolution de la technologie dans le marché.
Toujours selon l’expert, la conduite autonome accroîtra la dissonance entre le déplacement et l’anticipation de la trajectoire. Ceci veut donc dire qu’un automobiliste habitué d’être derrière le volant vivra une plus forte contradiction entre les gestes naturels (humains) et artificiels (autonomes). L’augmentation du stress et le manque de confiance envers la technologie sont également des facteurs aggravants. En analysant le tout, la conduite autonome est vouée à engendrer un déséquilibre qui pourrait alors hausser les risques de symptômes reliés au mal du transport.
Une solution?
Pour le moment, il n’existe pas de solution miracle entre le changement technologique et les défis reliés au phénomène. Par ailleurs, William Edmond ajoute que, si aucune mesure n’est réellement appliquée, une évolution des cas de mal des transports dans les véhicules est à prévoir.
La bonne nouvelle? Depuis maintenant quelques années, les constructeurs d’automobiles développent un intérêt croissant pour cette problématique. Ceux-ci désirent mieux comprendre le phénomène pour être ensuite en mesure de le réduire efficacement. Des signaux visuels, sonores et tactiles sont d’ailleurs en phase test pour essayer d’aider les usagers des véhicules de demain à mieux anticiper et à comprendre les mouvements du véhicule.
Le marché de l’automobile vit une fulgurante évolution depuis quelques années. Malgré une bonne dose d’avancées technologiques, certains enjeux primaires resteront à corriger pour permettre une transition énergétique tout en douceur, une transition en pleine ascension.