Remplir le réservoir d’essence d’une voiture à moteur thermique est l’une des plus grandes dépenses associées à un véhicule de ce type. Cette dépense est d’ailleurs l’un des arguments décisifs qui poussent des automobilistes à devenir des électromobilistes. Le prix du combustible a aussi augmenté au cours des dernières années au Québec pour atteindre des sommets jamais vus.
Même si le prix de carburant reste élevé un peu partout, les habitants de la Capitale-Nationale sont néanmoins ceux qui paient le plus cher pour faire le plein. À vrai dire, ils peuvent verser jusqu’à 25 cents de plus le litre que la moyenne du Québec. Cette situation anormale a poussé le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, à demander l’ouverture d’une enquête au bureau fédéral de la concurrence afin de déterminer les causes de cette anomalie.
Une possible collusion?
D’entrée de jeu, le ministre n’a pas souligné qu’une forme de collusion pouvait être en place dans la région de la Capitale-Nationale. Cependant, il a précisé lors d’une conférence de presse la semaine dernière qu’il serait important de régulariser la situation à Québec : « Ça prend une investigation, loin de moi l’idée de dire qu’il y a eu de la collusion. Mais, il faut que le Bureau de la concurrence regarde, fasse des analyses au niveau des compétences pour déterminer s’il y a eu une concertation entre les joueurs. »
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Cette prise de décision de la part du gouvernement vient en partie d’une enquête réalisée par le CAA-Québec en mars 2023. L’entité avait alors expliqué que le phénomène s’éclaircissait par la gourmandise des détaillants de la région qui se donnent une latitude en termes de profits anormalement élevée par rapport à la norme québécoise. Toujours d’après le CAA-Québec, les marges sont au-dessus de la moyenne depuis 2021 dans la ville de Québec. Elles ont d’ailleurs progressé de 10,6 cents le litre entre 2018 et 2023 à 14,97 cents cette année. Il n’y a que les régions du Nord-du-Québec, de la Côte-Nord et du Bas-Saint-Laurent qui avaient des marges plus élevées, selon l’avis.
M. Fitzgibbon a donc convoqué les patrons des cinq plus grands détaillants d’essence de la région de Québec afin de déterminer « ce qui justifie cette marge additionnelle ». Couche-Tard, Pétroles Cadeko, Harnois Énergie, Costco Wholesale Canada et Sobeys, qui représentent 85 % du marché de carburant dans la région, sont ainsi sous la loupe du gouvernement.
Une histoire semblable vient d’être conclue
Les résidents de Thetford Mines, de Victoriaville, de Magog et de Sherbrooke ont reçu, au début de l’année, une somme de 25 $ par habitant en raison de la collusion pétrolière qui sévissait dans leur région. C’est l’Association pour la protection des automobilistes qui a déposé une plainte au bureau fédéral de la concurrence en 2008. L’organisation avait alors livré une chaude lutte contre les détaillants afin de réussir à prouver, 15 ans plus tard, que, effectivement, les automobilistes avaient été victimes de collusion. Les revendeurs ont donc dû verser une somme de 17 millions de dollars à « tous les individus physiques ou moraux de droit privé, de sociétés, d’associations ou de tous autres groupements sans personnalité juridique qui ont acheté du carburant à au moins une reprise entre le 1er janvier 2001 et le 30 juin 2006 sur le territoire des villes concernées ».
Aucune plainte n’a été déposée dans le dossier de la ville de Québec, mais le ministre Fitzgibbon a précisé que « le gouvernement doit tenir compte de la grogne de la population ». Il a aussi ajouté qu’il souhaite que la Régie de l’énergie facilite le repérage des données sur les marges des stations d’essence.