Le Gouvernement du Québec a, en 2019, lancé un projet pilote qui impliquait des véhicules à hydrogène. Déployés dans la Capitale-Nationale, les véhicules ont parcouru plus de 500 000 kilomètres en 4 ans. L’objectif de l’exercice consistait à mettre à l’épreuve cette nouvelle technologie, et les résultats obtenus ne sont pas ceux que le Gouvernement attendait.
Banc d’essai complet
Le banc d’essai a impliqué un parc de 46 véhicules qui circulaient principalement dans la région de Québec et qui ont été utilisés par les employés de certains ministères, d’organismes gouvernementaux et de municipalités. Du nombre, 45 Toyota Mirai et 1 Hyundai Nexo ont été utilisés pour faire l’expérience.

Après plusieurs mois en circulation, le Gouvernement du Québec tire des conclusions et témoigne que plusieurs défis attendent la voiture à hydrogène. En premier lieu, l’efficacité énergétique des véhicules à hydrogène se révèle nettement inférieure à celle des véhicules électriques, notamment en hiver. Durant cette période et dès que la température atteignait -6 degrés Celsius, la consommation des véhicules pouvait augmenter d’environ 40 % par comparaison avec leur consommation à 20 degrés Celsius. La faute est liée au chauffage, aux résistances et à l’aérodynamisme des véhicules. Ceci signifie donc que, selon le prix établi pour l’hydrogène, parcourir 100 kilomètres coûte environ 27 $.
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De plus, la production d’hydrogène vert implique des pertes énergétiques considérables. Selon l’étude, près de 77 % de l’énergie produite est perdue entre la production d’électricité et l’utilisation du véhicule.

Johanne Whitmore, chercheuse principale à la Chaire de gestion du secteur de l’énergie aux HÉC Montréal et fine observatrice du secteur de l’hydrogène, témoigne que « Si la voiture à hydrogène était concurrentielle, elle dominerait déjà le marché ». Elle ajoute que « l’utilisation directe de l’électricité se révèle beaucoup plus efficace. »
Les participants ont aimé leur expérience
Les participants au banc d’essai ont toutefois apprécié la conduite des véhicules à hydrogène. En effet, ils ont mis en lumière le fait que la fiabilité des voitures à l’hydrogène était au rendez-vous, et que l’expérience générale était satisfaisante. En revanche, les participants ont ajouté qu’ils n’ont pas aimé faire le ravitaillement.

Pour ce qui est de cette étape cruciale, les conclusions du Gouvernement pointent vers le fait que le ravitaillement est définitivement un enjeu préoccupant. Une seule station, subventionnée par le gouvernement, a vu le jour à Québec dans le secteur Duberger-Les Saules. C’est l’entreprise Harnois qui s’occupe de produire l’hydrogène vert qui alimente les véhicules.
Selon les données recueillies, plusieurs bris mécaniques sont survenus. À vrai dire, 25 % des remplissages se sont soldés par un échec, si l’on en croit les résultats. Il est donc clair pour l’étude que l’établissement d’un réseau d’approvisionnement en hydrogène n’est pas évident, et que la faible demande ne permettrait pas de financer un tel réseau pour des véhicules légers.

En conclusion, le gouvernement québécois estime que l’hydrogène pourrait trouver des applications dans des niches spécifiques, comme les véhicules utilitaires ou les transports en commun, où les contraintes d’autonomie et de temps de recharge sont particulièrement importantes. Cependant, pour le marché des voitures particulières, l’électrification directe apparaît comme la solution la plus viable et la plus efficace à court et à moyens termes.
Le banc d’essai effectué par le Gouvernement aura couté 6 millions de dollars en 4 ans. Il est possible de lire les résultats complets ici.
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