Durant la conférence EV Innovation & Technology qui se tenait à Toronto, le 8 février 2023, Jean Marc Leclerc, PDG de Honda Canada, a partagé son point de vue sur la transition rapide vers l’électrification des transports. Selon lui, la récente norme zéro émission mise en place par Ottawa coince les constructeurs et les consommateurs dans un étau.
En décembre 2022, le gouvernement fédéral a annoncé que, à compter de 2026, les constructeurs d’automobiles devront vendre un minimum de 20 % de véhicules électriques au pays sinon ils seront sérieusement pénalisés. Bien que ces modalités n’aient toujours pas encore été établies, la norme a comme objectif d’augmenter l’offre des modèles électriques afin de donner plus de pouvoir d’achat aux consommateurs. En 2030, on obligera les constructeurs à vendre 60 % de véhicules électriques, puis, en 2035, ce sera 100 %.

Il faut que les gouvernements en fassent plus
Toutefois, chez Honda Canada, on y voit un problème. Selon M. Leclerc, cette pression rapide, exercée sur les constructeurs d’automobiles risque de coincer les consommateurs dans une situation fâcheuse où ils seraient incapables de s’acheter un véhicule électrique en raison des prix élevés. Pire, il affirme que plusieurs inquiétudes survolent toujours les consommateurs par rapport à la viabilité des véhicules électriques au pays, notamment le manque flagrant d’infrastructures de recharge dans plusieurs provinces canadiennes.
« Si les barrières psychologiques des consommateurs par rapport aux véhicules électriques, comme l’accessibilité, l’autonomie et les infrastructures de recharge, ne sont pas surpassées, l’adoption de masse sera impossible » - a-t-il expliqué durant la conférence.
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Il a poursuivi en affirmant qu’un effort de coordination massif entre les gouvernements et les constructeurs d’automobiles devra être mis en place pour permettre de relever ces défis. Selon lui, encore plus d’assistance de la part de nos dirigeants sera nécessaire afin de permettre aux consommateurs d’acheter des véhicules électriques qui, à son avis, sont actuellement hors de prix pour la classe moyenne. « Aujourd’hui, le prix moyen d’un véhicule électrique se situe à la même place que les véhicules de luxe d’il y a quelques années. »
Lorsqu’on l’a interrogé sur le pourquoi du retard important qu’accuse Honda au chapitre de l’électrification, M. Leclerc a avoué que la popularité rapide des véhicules électriques et les pressions sociales de réduire nos émissions de GES sont venues chambouler les plans du constructeur. « Avant la norme zéro émission d’Ottawa, notre objectif était de graduellement amener notre gamme de véhicules vers l’électrification, c'est-à-dire de proposer différentes technologies pour y arriver. Nous comptions commencer avec des motorisations hybrides, des hybrides rechargeables pour en finir avec des électriques. »

Honda tourne le navire de bord
Toutefois, le 24 janvier 2023, le constructeur a entièrement revu sa structure organisationnelle afin d’accélérer sa transition énergétique. L’année prochaine, Honda compte commercialiser le Prologue et son jumeau de luxe, l’Acura ZDX, deux VUS électriques construits en partenariat avec General Motors.
Néanmoins, plus tôt cette semaine, des statistiques de ventes démontraient que Tesla avait vendu plus de Model 3 au Québec que Honda a vendu de Civic, et ce, malgré le fait qu’une Model 3 coûtait près du double d’une Civic et qu’elle n’était pas admissible au plein rabais pour les véhicules électriques.
On comprend toutefois que Honda a été durement touchée par la pénurie de semi-conducteurs, ce qui a affecté les ventes de sa populaire voiture compacte. Malgré cela, d’autres constructeurs généralistes démontrent à quel point les consommateurs préfèrent les véhicules électriques. Prenons Hyundai, à titre d’exemple. Son Hyundai IONIQ 5 s’est vendue à 5 037 exemplaires au Canada en 2022, et ce, malgré des délais de livraison faramineux. En fait, les carnets de commandes pour les véhicules électriques chez Hyundai débordent.