Les changements climatiques sont l’affaire de tous et plus particulièrement de tous ceux qui possèdent une voiture, qu’elle soit à motorisation thermique ou pas. Qu’on le veuille ou non, l’automobile, quelle qu’elle soit, a un impact sur l’environnement. Les constructeurs d’automobiles sont sur la première ligne lorsqu’il est question des émissions polluantes et de leur manière de les gérer, de les contrer et, surtout, de les réduire. Voici le bilan automobile de la COP26 de Glasgow.
Presque tous les grands acteurs mondiaux économiques ou politiques se sont pointés à la Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques de Glasgow en Écosse la semaine dernière. L’automobile est toujours, et à juste titre, dans la mire des stratèges quand il est question de réduire la pollution atmosphérique.
Le Québec
À titre indicatif, à notre échelle, pas celle des autres à l’autre bout du monde, l’impact de nos voitures dans l’échiquier de la pollution québécoise, c’est 23 % des émissions. Le Québec est certainement un poids plume dans le modèle décisionnel des constructeurs d’automobiles, nous n’avons pas le poids démographique de la Californie. Il nous revient donc de prendre nos propres mesures pour contribuer à l’effort collectif. Par conséquent, outre les incitatifs financiers à l’achat, le gouvernement du Québec confirme l’interdiction de la vente des véhicules neufs à motorisation non rechargeable à partir de 2035.
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Le Canada et le monde
Une foule de pays dans le monde ont manifesté leur intention de mettre un terme à la vente des véhicules à motorisation strictement thermique. Le Canada parle de 2040, au même titre que l’Espagne, la France, l’Égypte, la Chine et Taiwan. En se comparant, on réalise que, malgré tous les beaux discours, le Canada est loin d’être un leader en la matière. D’autres sont plus ambitieux et visent 2035, dont l’Angleterre, le Japon et de grands États étasuniens comme la Californie et New York. D’autres coupent à 2030, et ils sont nombreux : Pays-Bas, Islande, Danemark, Israël, Suède et Inde. Il y a deux champions annoncés qui visent 2025 : la Corée du Sud et la Norvège.
Et les villes
Il n’y a pas que les pays qui ont autorité sur des territoires. On le voit très bien avec la situation du Québec au sein du Canada, mais aussi de certains États étasuniens qui se distancent de l’inaction de Washington en matière environnementale. Plus près de nous encore, les villes. À ce chapitre, l’impact au Québec est plus limité, mais de grandes villes comme Paris (France), New York (États-Unis), Londres (Angleterre), Barcelone (Espagne) et d’autres ont annoncé que, à l’intérieur même de leurs limites, les voitures à essence ou Diesel seront interdites de circulation. D’autres endroits populeux comme l’Inde avancent dans cette direction afin de contenir la pollution urbaine.
Deux agendas
Acteurs d’importance, les constructeurs d’automobiles se devaient d’être présents. Ils devaient manifester leurs intentions quant à leur avenir et à leur approche en matière de motorisation et de modèle de production. Comme toujours, il y a des modèles et des cancres qui jouent dans les coulisses pour mettre leur agenda à l’avant et, surtout, se donner plus de temps pour récupérer le retard acquis au cours des dernières années où le déni environnemental était encore à la mode.
Ceux qui avancent
Un certain nombre de constructeurs ont accepté de signer l’accord global en vue d’atteindre une réduction significative de leurs émissions polluantes lors de la fabrication de leurs produits. Évidemment, l’après compte pour beaucoup également, une fois qu’il est en circulation et quels sont les émissions polluantes en fonction de la motorisation, de la cylindrée. Ce sont toutes des questions qui doivent être réglées par les constructeurs. La liste des fabricants d’automobiles qui se commettent à l’abandon complet de la production de moteurs thermiques s’allonge de mois en mois. Plusieurs constructeurs ont saisi l’occasion de signer une entente internationale qui les lie sans les contraindre, mais avec une direction claire sous l’égide du « Glasgow Declaration on Zero Emissions of Cars and Vans ». Cet « accord » comporte actuellement plusieurs signataires extrêmement significatifs, ceux qui sont prêts à mettre une date tangible pour la fin des moteurs thermiques : Mercedes-Benz, Volvo, Ford, General Motors, Jaguar/Land Rover et le géant chinois BYD. La liste demeure assez maigre considérant l’urgence d’agir. En signant cet accord, ces constructeurs soutiennent mettre un terme à la production de moteurs à combustion interne d’ici 2035.
Ceux qui procrastinent
Malheureusement, la liste des cancres est passablement plus longue avec des joueurs tout aussi importants. On parle surtout des trois principaux pays producteurs d’automobiles qui ont spécifiquement tourné le dos : les États-Unis, l’Allemagne et la Chine. Les fabricants Volkswagen, Toyota, BMW, Hyundai/Kia, tous sur place, ont carrément refusé de signer l’accord. Retrouver ces joueurs dans cette liste nous envoie un double message. Volkswagen BMW et Hyundai/Kia font toutes d’importantes offensives en matière de véhicules électriques en ce moment même. Cependant, les beaux discours demeurent en surface quand on sort des pays occidentaux ou plus développés où les mesures en matière d’émissions sont plus laxistes et moins contraignantes.
Regardons les discours tenus par certains pour se justifier :
- BMW : « Il demeure une incertitude concernant le développement global des infrastructures pour supporter un transfert complet vers les véhicules électriques. »
- Toyota : « Même si nous ne rejoignons pas l’affirmation, nous partageons le même esprit et la même détermination de nous attaquer aux changements climatiques tout en restant ouverts de nous engager et de travailler avec les actionnaires. Toyota continuera à contribuer en faisant ses meilleurs efforts pour atteindre la carboneutralité. »
- Volkswagen : « L’argument n’est tout simplement pas là. Nous sommes simplement réalistes. » (En lien avec la présence encore très forte des énergies fossiles dans de grands marchés comme la Chine et les États-Unis.)
- Hyundai : « Hyundai annonce son objectif de carboneutralité pour 2045. »
Définitif ?
Dans tous les cas, on ne parle pas de rejet complet et définitif. Ils se disent tout simplement réalistes en fonction des contraintes auxquelles ces entreprises se soumettent. Tous ces constructeurs offrent des véhicules électriques, hybrides rechargeables ou hybrides de manière plus ou moins élargie. Il y a un effort réel, mais qui ne cadre tout simplement plus avec les nouvelles réalités internationales et environnementales. Ils seront nécessairement forcés de corriger le tir tôt ou tard en s’impliquant davantage.
Conclusion
La « Glasgow Declaration on Zero Emissions of Cars and Vans » est mince. Les constructeurs avaient l’occasion de réellement prouver à quels points les questions environnementales teintent leurs stratégies futures de commercialisation. Ils multiplient les présentations et les conférences pour mettre en lumière leurs intentions en électrification tout en prenant bien soin de rester juste assez vague en matière de temps pour ne pas trop se commettre. Est-ce que ce ne sont là que des paroles vides ? On réalise que les constructeurs d’automobiles, tout comme les pays souverains, n’aiment pas se faire dire quoi faire, pas plus à quel rythme ils doivent le faire. Les constructeurs d’automobiles ont leur propre agenda ; tant mieux s’il cadre avec celui de Glasgow et tant pis si ce n’est pas le cas. Oui, il faut que les gouvernements soient plus contraignants pour les fabricants d’automobiles, mais au bout du compte, ce sont les consommateurs qui prennent leur décision quant à leur choix en matière de transport. Collectivement, il y a fort certainement un important questionnement à se faire là aussi.
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