Si, en allant au boulot, vous vous demandez si l’état des routes a empiré, vous ne rêvez pas. En effet, les routes du Québec n’ont jamais été aussi abîmées, au point où la demande pour la réparation d’éléments suspenseurs explose. De récentes données sur le sujet nous permettent d’en apprendre plus sur ce que nous coûte le piètre état de nos routes en entretien mécanique.
Le rapport le plus récent, qui nous permet de brosser un portrait de la situation, est celui du coût des routes en mauvais état au Canada, publié par CAA le 30 mars 2021. Un rapport de 2022 n’a pas encore été publié, mais CAA Québec publie chaque année le palmarès des Pires routes du Québec, avec quelques statistiques.
Le rapport de CAA était surtout basé sur l’Enquête sur les infrastructures publiques essentielles au Canada, menée par Statistique Canada tous les deux ans. Cette enquête mise sur des données autodéclarées par des entités municipales et provinciales. Elle prend en compte les frais d’utilisation des véhicules, les écarts au chapitre du prix du carburant, les types de véhicules et les voitures-kilomètres parcourues. L’enquête permet même d’évaluer les coûts d’utilisation additionnels des véhicules roulant sur les routes en mauvais état, comme les réparations mécaniques.
Le Québec parmi les pires
Dans son ensemble, le réseau routier canadien compte 1,04 million de kilomètres, mais l’étude démontre que seulement 52 % de ces routes, environ, seraient considérées en bon ou en très bon état. Quelque 108 000 kilomètres de ces routes, ou l’équivalent de 28 % du réseau, seraient en mauvais état, tandis que 48 000 kilomètres, ou l’équivalent de 15 % du réseau, serait en très mauvais état, au point d’en affecter le bon fonctionnement d’un véhicule.
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La pire province du pays n’est pas le Québec, mais bien plutôt la Nouvelle-Écosse où 77 % des kilomètres d’autoroute et 67 % des voies non autoroutières sont en état qualifié de « bon ». De plus, 30 % des autoroutes ce cette province sont en très mauvais état, contre 25 % pour les routes non autoroutières.
Le Québec n’est toutefois pas loin derrière. En fait, non seulement la belle province est-elle deuxième au Canada pour la piètre qualité de ses routes, mais elle est également la province dont les autoroutes sont dans le pire état du pays. Bien que 55 % de celles-ci soient jugées passables, 35 % de nos grands axes routiers serait dans un état grave. Pour ce qui est de nos routes non autoroutières, elles seraient passables à 50 % et en très mauvais état à environ 30 %. Ces chiffres pourraient avoir augmenté depuis la dernière étude.
Des coûts supplémentaires en réparation
Tout cela se traduit par une hausse des frais d’utilisation du véhicule en raison d’une hausse des bris des éléments suspenseurs. Une route en très mauvais état peut avoir un effet néfaste sur des composants comme les amortisseurs, les bras de suspension, les joints, les bagues ou les autres pièces en lien avec l’amortissement de l’impact. Même les pneus en sont affectés. Plus un véhicule est lourd et chargé, plus l’impact est grand, à ce qui peut entraîner un risque de bris plus élevé.
L’étude de CAA explique que, en moyenne, les routes abîmées du pays auraient fait grimper le coût moyen d’utilisation annuelle d’un véhicule de 126 $, soit plus de 1 250 $ en 10 ans. Ce chiffre varie bien entendu d’une province à l’autre, mais c’est au Québec (258 $) et dans les provinces de l’Atlantique, comme à l’île-du-Prince-Edouard (164 $) qu’il est le plus élevé. Au total, les routes abîmées du Canada entraînent des dépenses d’utilisation supplémentaires de 3 milliards de dollars par année aux automobilistes. De ce nombre, 1,4 milliard proviendraient du Québec.
Or, ces données permettent d’en venir à la conclusion que, pour chaque dollar que dépensera l’État dans l’entretien et la préservation des routes, c’est 6 à 10 $ qui seraient économisés par les automobilistes en entretien automobile.
Un mécanicien se confie
Pour obtenir un peu plus d’exactitude sur l’ampleur du problème, RPM s’est entretenue avec Eric Côté, mécanicien général à son compte dans la région des Cantons-de-L’Est. En entrevue, il nous a expliqué que non seulement les réparations en lien avec les éléments suspenseurs sont les plus demandées, mais il affirme que, en 15 ans de carrière, il n’a jamais vu autant de véhicules abîmés.
« C’est temps-ci, le gros de mon travail consiste à remplacer des bras de suspension, des amortisseurs et tout ce qui touche le comportement routier d’un véhicule. Je dois même parfois remplacer des pneus fissurés en raison de nids-de-poule. Il arrive souvent d’observer des jantes abîmées par les impacts », nous a confié M. Côté.
Dans un contexte d’inflation rapide, l’impact financier de l’état des routes sur le portefeuille des automobilistes n’est pas à négliger.
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