C’est la fin d’une époque, il n’y a pas d’autres mots pour décrire le retrait de la production du légendaire V8 L-Series de Bentley. Cet ultime V8 se retrouvera dans la 30e de 30 Bentley Mulsanne 6.75 Edition by Mulliner, la dernière Mulsanne.
Développé à partir du début des années 1950 par l’ingénieur Jack Phillips, ce V8 avait pour mission de remplacer le 6-cylindres en ligne de la Mark VI Type R et de la berline dérivée, la S1. C’est donc dans la S2, en 1959, que le tout premier L-Series s’est pointé. À cette époque, sa cylindrée n’était que de 6,2 litres, et sa maigre puissance, de 180 chevaux. C’était suffisant, selon les propos de Bentley.
Il faudra attendre 1965 pour voir une reconfiguration mécanique, mais tout en maintenant l’essence du bloc-moteur initial. En 1971, une étape importante est franchie. La cylindrée atteint enfin les fameux 6,75 litres. Bien que la puissance ait constamment évolué, en 1980, avec le lancement de la Mulsanne Turbo, les choses deviennent passablement plus sérieuses, sinon dynamiques. Il s’agissait alors de la première Bentley depuis les années 1920 qui se voyait dotée d’une alimentation en air forcée.
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Bien d’autres technologies et innovations ont été intégrées au fil du temps pour nous amener à 2010, la dernière grande amélioration du moteur. Cela coïncide avec le retour de la Mulsanne. La double turbocompression permet alors d’obtenir une puissance de 505 chevaux et un couple indécent de 752 livres-pieds. Le sommet de l’histoire du L-Series est atteint en 2014 avec le lancement de la Mulsanne Speed à 530 chevaux et 811 livres-pieds aux roues arrière seulement. Il y a un fait particulièrement intéressant : entre le début de la production en 1959 et la fin en 2020, les émissions polluantes du bloc-moteur ont été réduites de 99 %.
L’histoire s’est terminée cette semaine avec l’ultime bloc assemblé au sein même des installation de Bentley, à Crewe, en Angleterre. Au total, près de 36 000 exemplaires ont été fabriqués. Bien évidemment, chaque moteur porte la signature de l’ingénieur qui l’a assemblé. En moyenne, on compte un temps de travail de 15 heures par moteur pour l’assemblage.
Bentley jette un regard nostalgique sur son passé, mais regarde aussi définitivement vers l’avenir de l’entreprise comme en témoigne Peter Bosch, le responsable de l’assemblage des produits Bentley : « Notre vénérable V8 de 6,75 litres a propulsé notre porte-étendard depuis plus de six décennies, il mérite maintenant sa retraite. Je suis extrêmement fier des générations d’ingénieurs qui ont de manière artisanale et méticuleuse assemblé chacun de ces moteurs au fil des années. Ce moteur a passé l’épreuve du temps, un testament pour les ingénieurs qui ont su le maintenir puissant, raffiné et fiable. Maintenant, nous regardons vers l’avenir de la Bentley, propulsée par notre exceptionnel W12, notre sportif V8 de 4,0 litres et, bien sûr, notre efficace motorisation hybride utilisant un moteur V6. C’est le début de notre aventure vers l’électrification. »
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